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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 10:16

099-CDe l'endormissement au réveil douloureux

 

 

L'ère des indépendances en Afrique et l'émergence politique des nouveaux États africains coïncida avec le contexte international de guerre froide. Ce fut incontestablement une période déterminante dans le processus de développement de ces pays. Ce n'est qu'à partir des années soixante qu'on peut parler d'aide à l'Afrique au sens propre. L'une des principales caractéristiques de la période, c'est l'« internationalisation » de l'Afrique qui, soudain propulsée sur la scène d'un monde idéologiquement coupé en deux, ne sut ni prendre conscience d'elle-même ni trouver sa marque de façon résolue, politiquement ou économiquement. Ainsi ballottée d'Est en Ouest, sans traditions politiques ni bases économiques sûres, l'Afrique se laissa bercer à l'ombre de l'aile de chacun des deux blocs. Il s'est ensuivi une perte de conscience de soi et un long endormissement qui portait en germes des lendemains difficiles.

Les anciennes puissances coloniales d'Europe ont été ainsi dépossédées de l'unique clef de l'unique entrée de leurs anciennes possessions. Le temps du monopole sur les colonies est désormais révolu, de même le pacte colonial qui garantissait l'exclusivité des rapports métropole-colonies. Ces colonies, leur chasse gardée d'hier, ont désormais mille portes ouvertes aux quatre vents, au monde : aux États-Unis comme au Canada, à l'Australie comme à la Chine, au Danemark et à Israël comme à Cuba, au Brésil... La chasse gardée d'hier est devenue la chasse ouverte d'aujourd'hui, la chasse à courre de la guerre froide. L'aide devient internationale. Les offres et les capitaux affluent, eux aussi des quatre coins du monde et pénètrent par tous les pores de l'Afrique, comme autant de soporifiques. C'est sous ce flot de sollicitude et de devises que l'Afrique entrera lentement, imperceptiblement dans un sommeil sans rêves.

Au sein du bloc soviétique, sous la dictée de Moscou, les différents pays qui le composent se livrent à une surenchère de l'aide sans conditions, de prêts sans contrepartie, de dons sans droit de regard, aux États africains fraîchement souverains. Aussi bien la Hongrie que l'Union soviétique elle-même, aussi bien la Pologne que la Bulgarie ou la RDA... tous participeront sans compter au grand ballet bien réglé de l'aide financière, de l'assistance technique et du don.

La Chine populaire, pour s'émanciper davantage de la tutelle de Moscou, et comme pour en donner les preuves, procéda, à partir de 1961, à une intensification sans précédent de son aide à l'Afrique, autre occasion pour elle de prendre le dessus sur sa grande rivale du bloc communiste. Des monuments grandioses furent érigés dans plusieurs capitales africaines, des routes ouvertes, des ponts construits, fruit de la sollicitude chinoise. Aux assauts d'amabilité et d'amitié de la Chine communiste répondaient sur le continent africain, les démonstrations de générosité et d'attention bienveillante de la Chine nationaliste.

De son côté, le bloc de l'Ouest ne fut pas en reste, États-Unis en tête, parfois par Banque mondiale et Fonds Monétaire International interposés, tentait de tirer la couverture à lui, en tentant d'étouffer la conscience africaine sous un flot de devises et d'appâts.

Ainsi, alors que le monde entier se voyait propulser par un élan de croissance et de prospérité économique pendant la période dite des trente glorieuses (de 1945 à 1975), l'Afrique sommeillait, profondément, sous les ailes déployées du monde développé, bercée de discours mielleux et gavée de sucreries empoisonnées.

La guerre froide fut pour beaucoup, responsable indirectement du retard de l'Afrique, contrairement à ce qu'on serait tenté de croire. En flattant les Africains et leurs dirigeants au moyen de l'aide facile sans contrepartie, les deux blocs ont endormi leur conscience, les détournant de leurs réalités et d'une réflexion salutaire sur eux-mêmes et sur l'état de l'Afrique. Les motivations premières des pays développés des deux blocs, principalement les États-Unis et l'Union soviétique, n'étaient pas de promouvoir un développement véritable du continent africain (ils l'auraient pu s'ils l'avaient voulu car ils en avaient les moyens), mais de gagner le maximum d'espace politique et idéologique possible, tout en s'assurant la maîtrise des ressources naturelles. La longue guerre civile angolaise à partir 1975 en est – parmi d'autres – une illustration parfaite ; chacun naviguant dans ce bourbier entre les dirigeants de l'Angola et les maquis de l'Unita, à la fois sur les tableaux politique et idéologique et surtout sur le tableau économique, autour des puits de pétrole et des mines de diamant du pays. Entre-temps, les dirigeants officiels et les maquisards de l'Angola, dans leur affrontement fratricide, font sombrer leurs populations et leur pays dans les affres de la misère et du sous-développement tandis que les fournisseurs d'armes, à l'Est comme à l'Ouest, tels des sangsues, pompaient les richesses du pays, s'engraissaient du sang de ses habitants et s'endormaient, la conscience tranquille, au sommet de leurs montagnes de dollars, se réveillaient et bâillaient en s'écriant « vive l'Angola ! ».Les Soviétiques, en débarquant en Afrique jurèrent de laver l'outrage fait au continent par les colonialistes occidentaux exploiteurs ; ils le laissèrent en ruines, exsangue et désemparé.

Quels pays occidentaux et du bloc communiste se souciaient des droits de l'homme ? On a même entendu affirmer que la démocratie n'était pas faite pour l'Afrique, parce que denrée trop chère pour ses habitants. Aucun Africain n'a relevé le propos et porté la contradiction ; ni les intellectuels et ni les dirigeants. Preuve s'il en est de l'hypnose opérée sur la conscience africaine par la magie des protagonistes de la guerre froide qui, en remplissant l'escarcelle des dirigeants africains, fussent-ils les pires dictateurs et les plus véreux, ne leur laissaient qu'une seule consigne, veiller docilement sur leurs peuples asservis et sur les intérêts des maîtres (de l'Est ou de l'Ouest). On caressait l'élite africaine dans le sens du poil, afin que tout soit lisse et doux, léthargique et muet à souhait, au moyen de propos lénifiants et de pratiques corruptrices.

La durée d'un tel système où tout le monde était gagnant, hormis les peuples africains et l'Afrique, du début des années 60 au début des années 90, permit d'enfouir au plus profond la conscience et la capacité de réaction des Africains. L'habitude de la passivité intellectuelle et l'appât du gain facile sont source de corruption, donc vecteur de gangrène sociale et de sous-développement. C'est cette culture de la passivité qui nourrit l'esprit de mendicité, celui de la main tendue et induit la mercantilisation des consciences qui constitue aujourd'hui le noyau du mal africain.

Les principaux dirigeants des deux blocs (Est et Ouest) en gommant systématiquement de leurs préoccupations et de leurs projets d'aide à l'Afrique toute référence aux droits de la personne ont-ils aidé les Africains à préparer leur avenir ? Ainsi le bouffon sanguinaire Idi Amin Dada fut adoubé par la Grande Bretagne afin qu'il massacre en toute tranquillité son peuple et pollue l'Afrique. De même l'Empereur en carton, Jean Bedel Bokassa, fut intronisé par la France avec pompe et éclat, comme fut adulé Mobutu, l'homme aux mains rouges de sang pour qui les États-Unis, la France, la Belgique, avaient, des années durant, des attentions toutes particulières.

Comment concevoir une telle surdité et justifier une si flagrante cécité de la part d'États qui ont fondé leur identité sur la démocratie et fait du respect des droits de l'individu l'une des valeurs centrales de leur système politique et social ? Cynisme d'État ou conviction sincère de l'inadaptabilité de la démocratie à l'Afrique et au tempérament africain ? Quant au fond, comment peut-on écarter tout un continent de l'une des caractéristiques essentielles de la civilisation ? La démocratie a-t-elle une couleur ? Doit-elle être blanche ou ne pas être ?

                 (Tidiane Diakité, L'Afrique et l'aide ou comment s'en sortir, L'Harmattan)

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 11:21

A tous les visiteurs du blog

 

rose juin04

 

     Puisse 2011 conforter en nous le sentiment que nos destins sont désormais inextricablement liés et que nous sommes tous passagers du même navire Monde dont il faut prendre soin.

      D'abord faire que la concorde règne entre nous passagers afin que le voyage soit facile et agréable. 

    Veiller à l'état du navire qui nous transporte. Faisons de l'avenir de la planète sur laquelle nous vivons et dont nous vivons un des objectifs majeurs de nos actions. Protégeons-la pour nous protéger. Soignons-la pour nous soigner. Maintenons-la propre, belle et vivable pour nous et pour ceux qui viendront après nous.

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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 17:40

Qu'est-ce qu'une sorcière ?fleur_035.gif

 

Extrait de
Tidiane Diakité, Dialogues impromptus à une voix, Archéologie d’une conscience, 2001.

     Jacques : La place réservée à la femme dans nos sociétés est inséparable de l'histoire et des enseignements de l'Église qui a, par ailleurs, sauvé la femme de la rapacité débridée de l'homme en furie, en établissant les normes de la sexualité, mais aussi du mariage ; en fixant un âge minimum pour la jeune fille ainsi que les règles de la consanguinité.

     De même l'Église, surtout aux XII et XIIIe siècles, ne cessa de prêcher le caractère consensuel du mariage et de bannir la répudiation. Cette action constante de l'Église concerna aussi bien les aspects matériels et spirituels du mariage que le détail de l'intimité conjugale.

     Il y eut ainsi un véritable rituel élaboré par les théologiens du Moyen Âge et ceux de la Renaissance, surtout en Espagne. Gilbert Dupé (La Sexualité et l'érotisme dans les religions, Editions Alain Lefeuvre) nous apprend que dans ce pays, Sanchez, qui vécut à la fin du XVIe siècle, a codifié le devoir des époux numériquement. Ce dernier estimant à « quatre fois par mois les accointements rationnels » précisait :

     « Si l'homme le demande une cinquième fois, il n'y aura pas de péché mortel de la part de la femme à la refuser ». Il est vrai qu'il s'accorde avec Saint-Alphonse de Liguori – toujours selon G. Dupé – pour décider que :

     « La copulation du jour n'autorise pas à refuser celle de la nuit ». L'auteur nous apprend par ailleurs que le théologien du pape Innocent X. Zacchias, complète ce tableau en précisant :

     « La raison de la modération dans l'exigence du devoir n'est pas la même pour l'homme et pour la femme... L'exigence de la femme pourra être immodérée si, par exemple, elle l'exige une ou deux fois par jour, tandis que, du côté de l'homme, cette même exigence ne sera pas dite immodérée, quand même il l'exigerait dix fois par jour ».

     Tiéba : Ainsi le combat des féministes au cours de l'histoire se justifie-t-il pleinement.

     Jacques : Le tableau n'est pas achevé. Et les sorcières ?

     La femme fut la principale victime de la chasse aux sorcières dans les temps anciens (et peut-être encore de nos jours sous d'autres formes). Et si la sorcellerie, jadis quasi exclusivement réservée aux femmes était une forme de reconnaissance inconsciente de leur supériorité dans certains domaines, la force de l'intuition par exemple ? La femme fut accusée, partout en Europe, de pactiser avec le Malin.

     Tiéba : En effet, certains rapprochements sont assez significatifs ; les qualités de la femme, ci-devant évoquées (qui s'ajoutent à bien d'autres), manquant à l'homme, n'étaient-elles pas de nature à susciter chez ce dernier quelque jalousie ou animosité ? Traditionnellement, l’homme est supposé être supérieur à la femme parce qu’il est plus musclé, qu’il manie les armes et qu’il assure le pain quotidien, ce qui lui confère en plus la puissance économique. Comment peut-il de ce fait reconnaître une quelconque supériorité à celle qui est née pour obéir ?

     Jacques : S'il s'agit d'un complot contre la femme, c'est toute l'Europe qui y a trempé, l'Europe de l'Inquisition de l'Espagne à l'Italie, mais aussi l'Allemagne et la France. Partout, ce fut la chasse organisée aux sorcières.

     Le plus curieux, et en même temps ce qui fit le malheur des supposées « sorcières », c'était que seuls les hommes définissaient les « crimes » en sorcellerie, seuls les hommes instruisaient les procès et seuls, ils exécutaient les sentences. C'étaient donc eux qui fixaient les limites de la « normalité » et définissaient la sorcellerie et la sorcière.

     Les hommes ont mis du temps à reconnaître chez la femme intelligence et compétence, capacité d'initiative et esprit scientifique, et le droit à l'originalité. Dans la mentalité masculine de l'époque, une femme capable étaitune femme coupable. Pour la faire taire, le moyen le plus commode, c'était de lui intenter un procès en sorcellerie. Ainsi J. Michelet affirmait que dans toute l'Europe, les femmes étaient beaucoup plus soupçonnées de sorcellerie que les hommes. Pour lui, « la sorcière, était une révoltée sociale qui contestait l'ordre médiéval inhumain et la condition inférieure faite à la femme »

     Tiéba : La condition des femmes aurait-elle évolué favorablement dans les sociétés masculinisées d'Europe sans le combat des féministes ?

      Jacques : Les femmes ont su se battre contre une certaine morale traditionnelle, contre certains préceptes de l'Église, mais également contre des arrêtés ministériels et surtout les préjugés. En Europe, on pense que ce sont les féministes qui ont libéré la femme et fait avancer la condition féminine. Cela est indéniable, mais il faudrait aussi  mentionner le plus puissant levier de l'émancipation féminine en Europe, en Occident d'une manière générale, y compris les Etats-Unis, que fut le travail des femmes, popularisé à partir de la Première et de la Seconde  Guerre mondiale. Ces deux conflits jouèrent de rôle de dynamiteur de moeurs dont profita la condition féminine. 

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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 09:18

Qu'est-ce qu'une sorcière ?fleur_035.gif

 

 

Les hommes font la loi, les femmes font les mœurs.

                                        J.J. Rousseau

Extrait de
Tidiane Diakité, Dialogues impromptus à une voix, Archéologie d’une conscience, 2001.

Jacques : Pourquoi autant de sorcières dans le monde ?

Tiéba : Pourquoi plus de sorcières que de sorciers ?

 Jacques : Peut-être en Occident plus qu'ailleurs quoi qu'on pense.

Parler de la place de la femme dans nos sociétés occidentales de la fin du vingtième siècle nécessite un retour en arrière et un rapide aperçu de ce que fut cette place dans les temps anciens. Il est souvent indiqué de partir du Moyen Âge pour situer le thème dans sa perspective historique. Les documents abondent particulièrement à partir précisément de cette période de l'histoire, c'est-à-dire du XIIe siècle en Occident. Des études faites à partir des travaux de généalogistes florentins et toscans permettent de bien situer la femme dans cette société italienne des XIII et XIVe siècles ainsi que de la Renaissance. Les hommes d'affaires et banquiers appliquent la pratique des affaires à leurs familles. Dans les « lettres de famille »ou journaux familiaux Libri di Ricordanze, les filles à marier sont qualifiées de « marchandises » (mercatanzia) qui plus est, non seulement par les hommes, mais également par les femmes. Par ailleurs, quand il s'agit de retracer les origines d'une famille, les femmes sont systématiquement gommées des arbres généalogiques ; les épouses n'étant considérées que comme de passage ne peuvent guère s'enraciner dans les familles. Les rédacteurs des ricordanze ne mentionnent point les filles nées dans le lignage, ni les membres de la famille qui ont reçu le sang du lignage par les femmes.

Un cas typique : celui d'un notable florentin Lapo Niccolini dont la mère est décédée en 1416 à un âge plus que respectable pour l'époque. Lapo la mentionnant dans son livre de famille dit tout simplement qu'elle resta in casa nostra (dans notre maison ou chez nous) pendant soixante sept ans, deux mois et vingt-six jours. En d'autres termes, l'étrangère s'en est allée après un séjour de plus de soixante sept ans chez nous. (Note : voir La Maison et le Nom. Stratégies et rituels dans l'Italie de la Renaissance. Christian Klapsch-Zuber Editions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales. Paris).

 

Tiéba : Je constate, selon ce que tu viens de dire, que les auteurs de ces livres de famille sont exclusivement masculins.

 

Jacques : Certes. Il y a aussi que pendant longtemps, l'écrit fut un quasi monopole des hommes. Plus les sociétés occidentales passaient d'une culture orale à une culture de l'écrit, plus cette mutation se faisait au détriment de la femme.

 

Tiéba : Je le conçois. Mais, dans des sociétés de l'oralité par excellence que sont encore les sociétés africaines contemporaines, la place de la femme n'est pas première.

 

Jacques : Point n'est besoin de se référer au Moyen Âge en Occident pour constater que l'écrit a joué pendant longtemps contre la femme. Sais-tu à quelle date une femme a franchi pour la première fois les portes d'un lycée chez nous en France ? Sais-tu quand, pour la première fois une femme (française) fut admise à l'Université dans une faculté de médecine en France ? À l'Académie française ? À l'École de l'Air ?

Sais-tu quand, pour la première fois de notre si longue histoire nationale une femme glissa un bulletin de vote dans une urne ?

 

Tiéba : Et pourtant, il n'a pas manqué de « fortes femmes », de fortes personnalités féminines en Occident, de tout temps, des âges les plus obscurs du Moyen Âge au vingtième siècle. Je veux dire des femmes de tempérament et de caractère, voire de poigne, des femmes de culture également, qui se sont illustrées en maints domaines : politique, littérature, art, même au métier des armes. Christine de Pisan, Jeanne d'Arc (dont il a déjà été question), Christine de Suède, la Grande Catherine Il de Russie, George Sand, Louise Michel, Maryse Bastié, sans compter celles qui, plus près de nous ont brillé lors de la seconde Guerre mondiale dans les rangs de la Résistance... Lucie Aubrac et Marie-Claude Vaillant-Couturier, pour ne citer qu'elle, car la liste serait longue.

 

 Jacques : Goutte d'eau invisible dans l'immense océan du machisme.

Tel philosophe français n'a-t-il pas dit que l'Europe, « c'est la Bible, plus les Grecs » ? En la matière, le premier élément, la Bible, semble avoir pesé d'un poids considérable, essentiellement au Moyen Âge.

« Ayant créé l'homme, Dieu jugea utile de tirer de lui une compagne ; sa première créature était à son image, l'autre, seulement à sa ressemblance. Péché d'orgueil ou péché de luxure, la femme a entraîné l'homme dans la chute. Le sang qui coule d'elle la marque d'éternelle impureté et la Faute pèse sur son destin. Certes la Bible brosse les rudes portraits de fortes femmes; Jésus parlait volontiers avec elles, et sur la Montagne, a bien affirmé l'égalité des sexes. Mais, nombre de patriarches ou de rois d'Israël étaient polygames, et il n'y a pas d'apôtre femme. Le sacerdoce leur est interdit, comme les fonctions publiques. Les courtisanes grecques, les matrones romaines, les impératrices de l'Antiquité, plus tard princesses et reines barbares qui les imitèrent, ne sont pas des figurantes de l'Histoire. Mais le père, le mari, le frère commandent.

La place mineure accordée à la femme dans la famille romaine n'est pas un trait des mœurs méditerranéennes ; sa position n'est pas meilleure dans les usages germaniques ; en réalité son éviction, au moins en droit, s'explique par son incapacité présumée à tenir les armes dans une société à l'origine guerrière ou itinérante, et à diriger une exploitation foncière. Réduite dès lors aux tâches de procréation ou d'administration domestique, elle devenait un bien meuble, élément de patrimoine familial : son acquisition ou sa vente volontaire la détachait définitivement du groupe dont elle sortait et la plaçait sous la manus de son mari, voire de son beau-père, de ses beaux-frères... »

Ces quelques extraits de la Société médiévale de Robert Fossier nous présentent dans un raccourci saisissant le destin de la femme à travers les âges en Occident, où la femme apparaît en outre comme l'éternelle fautive en plus d'être l'éternelle victime, car : « Mariée à seize ans... achetée dans le monde aristocratique par la famille de son futur mari, ou consentante ailleurs... vouée au convent ou à l'humiliation... menacée de voir sa dot dilapidée durant son mariage, et son douaire contesté par ses propres enfants quand elle est veuve, poursuivie par l'Église avec plus de rigueur que l'homme si elle trébuche dans l'adultère ou l'homosexualité, écartée des fonctions religieuses, étroitement tenue en lisière si elle parvient à une responsabilité politique, maltraitée comme fillette, évacuée vers le mariage, menacée comme veuve ou célibataire par la lubricité masculine, ses fantasmes, son affectivité, son dynamisme, la femme de ces temps est-elle moins bien traitée qu'en d'autres ? » (note : La Société médiévale. R. Fossier. A. Collin)

 

Tiéba : Interrogation fort pertinente. La femme est-elle moins bien traitée qu'en d'autres temps et en d'autres lieux ?

 

Jacques : Ce n'est pas tout.

 « L'arsenal de la misogynie... est au point : responsable de la chute, tabernacle du Mal, compendium des tentations de la chair et de l'argent qui avilissent les créatures, souillée par le sexe caché et honteux d'où coule irrépressiblement le sang de la Faute, faible, envieuse, querelleuse, bavarde, désobéissante, dépensière, luxurieuse et cruelle, symbole de la luxure, sa fréquentation ne peut être que source de déceptions et il y a là un bien fâcheux « raté » de la création ». (note : La Société médiévale. R. Fossier. p.172).

 

Tiéba : Et pourtant, le corps de la femme n'est-il pas l'une des merveilles de la création qui mérite d'être célébré à sa mesure ? Et son cerveau une source infinie d’inspiration ?

(Dialogue à suivre)

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 12:06

001-C

Mali : Un corps social dépositaire d'une sagesse millénaire 

          Au-delà de la Charte du Mandé qui émane de la Confrérie des Chasseurs et  du règne de l'empereur Soundiata Kéita, il existe toute une tradition et une mythologie du chasseur au Mali.

     Les chasseurs sont une catégorie sociale spécifique qui demanderait à être mieux connue de nos jours par les Maliens (ou les Africains ?), notamment par la jeunesse.

          Au Mali, contrairement au sorcier, habituellement craint et isolé dont on se méfie (à tort ou à raison), le chasseur, le "donzo", vit dans et pour la société, même s'il lui arrive de se retirer et s'isoler en forêt ou en brousse. Il a une mission reconnue de protection de la nature (connaissance et interprétation des phénomènes atmosphériques, de phénomènes invisibles... ), de même que de la communauté dans laquelle il vit et pour laquelle il agit. 

           La cérémonie d'initiation (rituel minutieux et symbolisme fort instructifs) qui ouvre l'accès à la Confrérie, de même que la formation de "l'apprenti" initié, sont une véritable école de philosophie, de sagesse et d'humanisme. L'oeuvre passée et présente des chasseurs de même que leur modèle de vie au sein de la société sont une véritable école de formation et d'idéaux élevés.

           Le Chasseur se caractérise, de tout temps, tout d'abord par son humilité, son intégrité et son dévouement aux causes justes. 

           Pour la Confrérie des Chasseurs, la première quête est celle du savoir, non le savoir encyclopédique, mais la connaissance pratique de la nature et des hommes, c'est-à-dire de soi-même. Pour elle, l'ignorance est plus obscure que la nuit la plus noire. Au contraire la lumière produite par le savoir est universelle et éclaire le monde entier. Pour les chasseurs enfin, l'ignorance (de soi, des autres et des choses) est à l'origine de l'essentiel des conflits opposant les hommes et les pays. En ce sens, l'ignorance est à la fois ennemie et fléau du genre humain.

          Par conséquent, être chasseur, c'est s'engager dans la quête perpétuelle du savoir pour le bien de tous. (C'est la première leçon dispensée au nouvel initié). Aller à la chasse, c'est aller à la quête du savoir. Ce n'est pas seulement chasser le gibier, chasse qui ne peut se faire elle aussi que selon des règles et un rituel strict par respect pour l'animal qu'on tue, à qui on présente des excuses après lui avoir expliqué les raisons pour lesquelles on le tue. Même attitude pour l'arbre qu'on abat.

           L'humilité, qui va de pair avec la sobriété en tout, en paroles comme en actes, est pour eux une valeur essentielle, de même que le courage (le courage physique, mais surtout le courage d'être soi-même, condition indispensable pour surmonter ses peurs afin de se frayer le chemin qui mène à l'autre). Le contact de l'autre justifie sa propre existence (différence essentielle avec le sorcier qui fuit la société et que l'on fuit).

             Cette humilité est aussi facteur d'intégrité et de probité. Les chasseurs du Mali sont parmi les plus démunis. Mais, ils sont aussi les plus heureux parce qu'ils savent que la véritable richesse réside dans la quête du savoir qui ne s'arrête jamais.

(Beaucoup de ces préceptes se retrouvent dans les vieilles chansons des chasseurs du Mali)

     Le poème ci-dessous s'inspire de la philosophie des Chasseurs.

BWBW1077

 ÊTRE CHASSEUR !


Chasseur des temps anciens

Chasseur des temps jadis !

 

Héros civilisateur

Guerrier itinérant

Fondateur de cités, de royaumes et d'empires.

 

Mâle éminent, téméraire et bon

Homme des espaces incultes

Docte des choses cachées et sacrées

 

Être chasseur en ces temps d'aujourd'hui

En ces temps de déperdition où tout s'effrite et tombe

Où le gibier ne court plus la brousse désolée

Où la terre se languit de l'homme

Où les cieux sont avares d'eaux

Et prodigues en souffles ravageurs

 

Être chasseur, c'est s'accrocher à un idéal

Devenir frère des chasseurs du monde entier

Croire en la vie

Avoir une vision autre des choses et des êtres

 

Être chasseur, c'est adhérer à une idéologie

C'est choisir une voie, un sentier

Peiner pour son accomplissement

Renforcer ses principes spirituels

Verser l'eau pour rafraîchir l'âme des ancêtres

 

Être chasseur, c'est engager la quête permanente du savoir

Oublier ce que l'on est et devenir le frère de l'homme

Donner le meilleur de soi à sa communauté

 

Être chasseur, c'est protéger le faible contre l'arbitraire

Défendre la justice, les règles sociales, la vie

Pourvoir aux besoins des nécessiteux

Assister l'orphelin et aider la veuve éplorée

 

Être chasseur, c'est endurer les peines et les souffrances

S'engager dans la brousse orpheline et inhospitalière

Endurer les piqûres d'insectes, le froid et le soleil

Affronter la bête dans un combat singulier

Endurer la faim et la soif

Pour satisfaire l'autre faim, l'autre soif

 

Être chasseur, c'est aimer

Se dévouer pour les causes justes

C'est opter pour l'éclatement de la vérité en tout lieu

 

Être chasseur, c'est être humble

Discipliné, pondéré et affable

C'est protéger sa patrie, sa famille

C'est maîtriser ses inclinations naturelles, ses pulsions continuelles

 

Être chasseur, c'est être un homme des temps

Un homme de son temps.

Fodé Moussa Sidibé

 

(Source : La Chasse traditionnelle en Afrique de l’Ouest d’hier à aujourd’hui

                Ministère de la Culture du Mali)

091-C

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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 15:29

001-CUne charte contre l'esclavage et pour les droits humains

Un document aussi essentiel que curieux, qui nous vient du fond de l'histoire africaine, et qui affirme que :

- "Toute vie humaine est une vie"

- "Une vie ne vaut pas mieux qu'une autre".

C'était en 1222. Bien avant la Révolution française de 1789 ou le Parlement britannique ! ( 1222, Année où "la grande comète dite comète de Halley illumine le Mali" ).

Cette charte émane de la Confrérie des Chasseurs du Mandé (en Afrique de l'Ouest, le chasseur n'est pas seulement celui qui va chasser le gibier. C'est, au sens traditionnel du terme, celui qui détient des savoirs, des dons, des valeurs, qui impliquent, de sa part, quelques obligations envers la nature et la société).

Cette confrérie qui a probablement vu le jour au 3e siècle après JC, est une société initiatique d'hommes, qui se disent symboliquement "enfants de Sanéné et Kontron". Elle est surtout connue à partir des 11e et 12e siècles, tout particulièrement sous le règne de Soundiata kéita, considéré comme le véritable fondateur de l'Empire du Mali. (Le Mandé est le berceau de l'Empire du Mali).

Avant Soundiata Kéita, en Afrique de l'Ouest, les razzias, la capture et la déportation d'esclaves, liées à l'expansion musulmane, avaient atteint la dimension d'un véritable fléau imposé aux populations. Soundiata, dès son avènement, résolut d'y mettre un terme grâce au concours de la Confrérie des Chasseurs du Mandé, qui, depuis plusieurs années déjà, s'était investie dans la lutte contre les trafiquants d'esclaves.

La Charte, en fait le serment fait par les chasseurs de mettre un terme définitif à la traite, fut proclamée en 1222, c'est-à-dire au Moyen Age de l'histoire européenne. Elle reflète la situation qui prévalait à l'époque en Afrique de l'Ouest. 

  Au-delà du contexte historique, ce document recèle une véritable philosophie de l'existence, celle des rapports entre membres de la "Communauté humaine", sans distinction d'origines, géographique, ethnique, ou d'appartenance religieuse. C'est une adresse au "genre humain" : pour tous les temps et tous les lieux. Elle a incontestablement valeur d'universalitéTrois choses essentielles notamment en émanent. Dans son préambule on note : 

- "Le Mandé fut fondé sur l'entente et la concorde", ce qui exclut toute forme de discrimination et implique la liberté et la fraternité.

- "Toute vie humaine est une vie", et mérite respect et dignité.

- "Une lutte sans merci doit être menée contre ces fléaux sociaux que sont la famine et l'esclavage", qui portent atteinte à la dignité de l'Homme et dégradent son image.

La Charte énonce par ailleurs ces préceptes fondamentaux qui sont les véritables assises du concept de droits humains :

Tout humain est libre de "voir ce qu'il a envie de voir, dire ce qu'il a envie de dire et faire ce qu'il a envie de faire, dans le respect de son prochain".

La "Charte africaine des Droits de l'Homme et des Peuples", proclamée en 1981 s'inspire précisément de la Charte du Mandé de 1222.

Copie de la Charte du Mandé

BWBW1077

La Charte du Mandé

Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :

Toute vie humaine est une vie.

Il est vrai qu'une vie apparaît à l'existence avant une autre vie,

Mais une vie n'est pas plus « ancienne »,

Plus respectable qu'une autre vie,

De même qu'une vie ne vaut pas mieux

Qu'une autre vie.

 

Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :

Toute vie étant une vie,

Tout tort causé à une vie exige réparation.

Par conséquent,

Que nul ne s'en prenne gratuitement à son voisin,

Que nul ne cause du tort à son prochain,

Que nul ne martyrise son semblable.

 

Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :

Que chacun veille sur son prochain,

Que chacun vénère ses géniteurs,

Que chacun vénère ses enfants,

Que chacun pourvoie aux besoins

Des membres de sa famille.

 

Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :

Que chacun veille sur la terre de ses pères.

Par patrie, pays, ou terre des pères,

Il faut entendre aussi et surtout les hommes :

Car tout pays, toute terre qui verrait les Hommes disparaître de sa surface

Connaîtrait le déclin et la désolation.

 

Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :

La faim n'est pas une bonne chose,

L'esclavage n'est pas non plus une bonne chose ;

Il n'y a pire calamité que ces choses-là,

Dans ce bas monde.

Tant que nous disposerons du carquois et de l'arc,

La famine ne tuera personne dans le Mandé,

Si d'aventure la famine survient.

 

La guerre ne détruira plus jamais de village

Pour y prélever des esclaves ;

C'est dire que nul ne placera désormais

Le mors dans la bouche de son semblable

Pour aller le vendre ;

Personne ne sera non plus battu au Mandé,

A fortiori mis à mort,

Parce qu'il est fils d'esclave.

 

Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent :

L'essence de l'esclavage est éteinte ce jour,

« D'un mur à l'autre »,

D'une frontière à l'autre du Mandé ;

Les razzias sont bannies

A compter de ce jour au Mandé ;

Les tourments nés de ces horreurs

Disparaîtront à partir de ce jour au Mandé.

Quelle horreur que la famine !

Un affamé ignore

Toute pudeur, toute retenue.

Quelle souffrance épouvantable

Pour l'esclave et l'affamé,

Surtout lorsqu'ils ne disposent

D'aucun recours.

L'esclave est dépouillé

De sa dignité partout dans le monde.

Les gens d'autrefois nous disent :

« L'homme en tant qu'individu

Fait d'os et de chair

De moelle et de nerfs,

De peau recouverte de poils et de cheveux

Se nourrit d'aliments et de boissons ;

Mais son âme, son esprit vit de trois choses :

Voir ce qu'il a envie de voir,

Dire ce qu'il a envie de dire,

Et faire ce qu'il a envie de faire.

Si une seule de ces choses

Venait à manquer à l'âme,

Elle en souffrirait,

Et s'étiolerait sûrement. »

En conséquence, les enfants

De Sanéné et Kontron déclarent :

Chacun dispose désormais de sa personne,

Chacun est libre de ses actes,

Dans le respect des « interdits »,

Par la loi de sa patrie.

 

Tel est le Serment du Mandé

A l'adresse des oreilles du monde tout entier.

BWBW1077

  

C'est sans doute à la fois le premier texte de la déclaration des droits humains et la première abolition de la traite et de l'esclavage au monde ! 

En conclusion, un constat et une question. 

Le constat : les valeurs universelles que sont la liberté, la justice, l'égalité, ne sont pas l'apanage des seuls Occidentaux. Elles sont partagées par d'autres peuples de par le monde, depuis toujours. Il suffit de descendre sur le terrain et, avec modestie, observer, écouter.

La question : même si la Charte ne concerna pas toute l'Afrique en 1222, pourquoi aujourd'hui, sur une bonne étendue du continent, les valeurs prônées par la Charte du Mandé il y a 9 siècles, principalement celles de liberté, égalité, respect et justice pour tous, donc la démocratie, ne trouvent-elles toujours pas leur application pratique et concrète ?

L'Afrique en serait-elle encore là si les idéaux des Chasseurs du Mandé avaient imprégné l'esprit des Africains contemporains en général et celui de leurs responsables politiques en particulier?

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19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 15:35

010.gifQue faire ?002.gif

Conférence du 06/12/2010, Loudéac (Côtes d'Armor)

Je réponds à la 2e question posée lors du débat de qualité qui a conclu cette conférence. 

Question 2 : M. ... si par un coup de baguette magique, vous étiez aujourd'hui élu président de tel pays d'Afrique, quelles seraient vos trois premières actions prioritaires ?

Question aussi pertinente qu'inattendue !

Cette probabilité n'est ni dans mes souhaits, ni dans mes rêves. Mais, la question étant posée, l'auditoire attend une réponse. Il faut donc lui en donner une, à partir de mes convictions.

L'action prioritaire, la première de toutes, c'est oeuvrer au changement des mentalités. Ce n'est pas une action qui s'accomplit en un jour, ni en une année.

Qu'est-ce à dire ?

Promotion de l'éducation au sens large, en tout premier lieu l'enseignement scolaire qui passe par une refonte profonde des programmes et des méthodes, lesquels seront adaptés aux réalités et aux besoins du pays avec la nécessaire ouverture au monde. Des programmes dans lesquels élèves et étudiants se reconnaissent, qui leur permettent de connaître leur environnement immédiat et lointain. 

L'alphabétisation fonctionnelle des adultes constitue un autre volet de cette éducation. Education, c'est aussi l'éducation à la santé, à l'environnement, au sens de la loi sans lequel il n'y a ni droit, ni justice car sans le respect de la loi, rien de durable ne se construit.

La deuxième action prioritaire porte sur l'agriculture : une agriculture rénovée grâce à l'attention portée aux agriculteurs, à leur formation, à leur équipement et à leur valorisation. Cela afin de pouvoir nourrir toutes les populations. Une agriculture qui valorise les produits du pays, donne le goût des produits locaux, et qui, au-delà de la satisfaction des besoins nationaux, vise la qualité pour soutenir la confrontation avec tous les produits du monde sur tous les marchés du monde. 

Bref, cette action vise à remédier aux faiblesses traditionnelles de l'agriculture par la formation, la recherche, la modernisation de l'outillage, qui inclut le respect de l'environnement, c'est-à-dire des hommes et de leur avenir. Il s'agit aussi d'apprendre à produire ce que l'on consomme, et consommer ce que l'on produit.

La troisième action prioritaire enfin, c'est la construction de l'Etat. Faire que chaque citoyen se reconnaisse dans l'Etat et puisse dire : "l'Etat c'est moi", afin d'atténuer l'impact de l'action prédatrice des fonctionnaires et agents du service public, lesquels auront conscience que frauder, tricher, détourner, dissimuler, en un mot voler l'Etat, c'est se nuire à soi-même et aux autres, compromettre le bien-être et l'avenir de tous. C'est donc respecter les lois et règles qui sont les assises de l'Etat et sans lequel aucune communauté ne peut s'épanouir.

Construire l'Etat pour construire la Nation afin que l'identité nationale l'emporte définitivement sur l'identité ethnique ou l'identité du terroir.

Bref, ces 3 premières actions prioritaires doivent servir de levier qui portera d'autres actions. Elles visent à donner à tous les citoyens, sans exclusive, la fierté d'être, c'est-à-dire la fierté et le goût de vivre chez eux, sur leur terre, de vivre ensemble pour construire ensemble le présent et le futur pour tous.

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 10:43

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Progrès technique vaut-il civilisation ?

Civilisation ou civilisations ?

Conférence du 06/12/2010, Loudéac (Côtes d'Armor)

Je réponds ici à deux questions parmi toutes celles qui m'ont été posées au cours du débat qui a suivi mon exposé. Ces deux questions auraient sans doute mérité un développement un peu plus approfondi que ne permet le temps limité d'une conférence.

1ère question : Dans son discours de Dakar, prononcé le 26 juillet 2007, le président Sarkozy a dit que "l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire", qu'en pensez-vous ?

Il y a le discours dans son ensemble, puis cette phrase qui en est extraite. Il m'est difficile de répondre à cette question à l'état brut car, j'ignore le fond de la pensée de l'auteur. Qu'a-t-il voulu dire précisément ? Faute d'une telle clarification, je ne peux que m'interroger.

- A-t-il voulu faire allusion au retard de l'Afrique dans le domaine technique sur le monde "développé", industrialisé ? A-t-il voulu insinuer que les brevets d'invention africains sont inexistants ?

- A-t-il voulu dire que l'Afrique reste aux marges de l'Histoire, aux marges de la mondialisation, peu visible et peu audible ?

- Ou bien cette phrase signifie-t-elle que les Africains, par rapport aux Européens, comptent peu d'hommes de renom ayant marqué le cours de l'Histoire dans différents domaines ?

Faute d'éclaircissements, cette phrase reste pour moi une énigme. Comment donc répondre à la question posée ?

Des spécialistes dans leur domaine, affirment que l'Afrique est le "berceau de l'Humanité". Mais cela importe peu ici. Les Africains sont dans l'Histoire depuis très longtemps si l'on entend par Histoire les contacts, les échanges, les heurts entre peuples qui font avancer le monde. 

Les racines de l'affirmation selon laquelle "l'Africain n'est pas assez entré dans l'Histoire" sont sans doute à rechercher dans la perception des Africains par les Européens au XIXe siècle. Un des fondements de ce jugement réside non pas dans les premiers contacts (XVe XVIe siècles) mais dans les premières implantations européennes en Afrique, autrement dit de l'intensification des rapports entre Africains et Européens au XIXe siècle : exploration, colonisation, exploitation, domination. 

Or, précisément, le début du XIXe siècle constitue cette période de l'histoire où l'Afrique dans son ensemble a perdu son lustre d'antan, son étoile ayant cessé de briller. Depuis la fin du XVIe siècle, elle se trouve en état de "décomposition" croissante : démographique, sociale, économique et culturelle.

D'une part, les grands empires soudanais puissants et prestigieux, contemporains du Moyen Âge européen, du VIIe au XVIe siècle : Ghana, Mali, Gao ... se sont éteints les uns après les autres. Le royaume du Congo, dont la richesse et l'organisation impressionnèrent les navigateurs portugais du XVe siècle, n'est plus que l'ombre de lui-même. Des constructions politiques de moindre envergure dans toutes les régions d'Afrique ont duré jusqu'au XIXe siècle, et seront confrontées à la conquête coloniale qui leur fut fatale.

Autre élément d'explication :

Au XIXe siècle, à l'heure de la confrontation majeure entre Européens et Africains, les civilisations africaines sont fortement ébranlées, les sociétés et les pouvoirs profondément déstructurés par la traite des Noirs, la traite atlantique s'ajoutant à la traite orientale, arabe et musulmane, jusqu'au XIXe siècle.

L'Afrique ne fut donc en marge ni de l'Histoire, ni de la mondialisation. La 1ère mondialisation, celle des XVe et XVIe siècles, vit un noeud de relations complexes (commerce triangulaire) se tisser entre Amérique, Afrique, Europe. L'Afrique fut de ce fait bel et bien au centre du monde, mieux, point de rencontre de continents et d'intérêts nationaux divers.

L'Afrique est par ailleurs en contact régulier avec le monde méditerranéen et le Moyen-Orient depuis le VIIIe siècle. Comme on le voit, l'Afrique ne fut pas épargnée par la vague des Grandes Découvertes qui procédèrent au décloisonnement du monde en général.

Mais le spectacle affligent présenté par ce continent aux Européens au XIXe siècle, constitue sans doute la "matrice" de tous les stéréotypes, clichés et préjugés tenaces les plus dévalorisants d'hier et d'aujourd'hui. Le constat de l'absence de culture écrite (non d'écriture) fit conclure que les Africains au sud du Sahara n'avaient pas d'histoire ni de civilisation : des "sauvages arriérés" qu'il fallait ramener à la lumière.

Ces stéréotypes et jugements hâtifs, nés de l'ignorance et de la méconnaissance des peuples africains, nourris par des "travaux" ou réflexions de scientifiques ou voyageurs européens du XIXe siècle, ont contribué à creuser un "fossé mental" profond entre Africains et Européens. 

Cependant, depuis le premier tiers du XXe siècle, historiens, ethnologues, géographes ou administrateurs coloniaux (Lyautey ou Savorgnan de Brazza entre autres) ont eu le souci, la patience et la volonté d'étudier les peuples africains ; cela les amena à la découverte puis à la connaissance de leurs cultures, de la richesse et la variété de leurs civilisations. Les travaux ainsi que les témoignages de ces esprits ouverts ont permis de rectifier nombre de visions erronées du passé. Mais le poids de ces visions est tel qu'un effort intellectuel et une volonté d'ouverture d'esprit affirmée s'imposent afin d'émerger de l'épaisseur des stéréotypes et préjugés multiséculaires particulièrement pesants.

Il appartient aujourd'hui aux Africains, mieux qu'à quiconque, de renverser les vieilles images des siècles passés et de remettre le regard sur l'Afrique à l'endroit.

L'Afrique en marge du monde ?

La présence de l'Afrique au monde s'est d'abord manifestée par le transfert d'Africains dans les différentes parties de la planète. Cela commence bien avant la traite atlantique. Dans l'Antiquité, des captifs noirs sont utilisés en Grèce. Durant le Haut moyen âge, les circuits de trafic de Noirs en direction de l'Indonésie, de la Chine et de l'Inde notamment sont bien connus. A partir du IXe siècle, les Arabes, puis les Ottomans se livrent à un important commerce d'esclaves noirs qui se perpétue jusqu'au XIXe siècle.

De l'esclavage à la colonisation, l'Afrique s'est mêlée au monde. Comment écrire aujourd'hui l'histoire contemporaine de la Grande-Bretagne, de la France, du Portugal... en occultant leurs rapports avec l'Afrique ? Comment extraire l'histoire de l'esclavage des Noirs, donc la marque de l'Afrique, de l'histoire des Etats-Unis ? De l'histoire économique, de la démographie, de la société, de l'art, du sport, de la musique des Etats-Unis ? Que resterait-il de cette histoire sans cette marque africaine ? Peut-on extraire l'apport de ces Noirs d'Amérique de l'impact culturel, artistique, sportif des Etats-Unis sur le reste du monde ? Quel pays au monde peut se targuer d'échapper, de près ou de loin à cette influence américaine à travers le sport et la musique qui sont autant de marques indirectes de l'Afrique ?

Il n'est pas jusqu'à la bombe atomique d'Hiroshima et de Nagasaki, de sinistre mémoire qui ne soit involontairement et indirectement associée à l'Afrique, l'uranium qui a servi dans la fabrication de cette bombe provenant de ce continent, plus précisément du site uranifère de Shinkolobwe (considéré comme le plus riche du monde) au Congo ex-Zaïre (RDC). Dans le même ordre d'idée, qui a jamais évalué la part des pierres précieuses et autres produits africains dans la confection des produits de la technologie de pointe, des ordinateurs aux éléments de l'aérospatiale, dans la fabrication de bijoux et de cosmétiques ? Et les produits alimentaires à base de matières premières en provenance d'Afrique ? On peut étendre la réflexion en évoquant la place de l'Afrique dans le développement des sciences, de l'anthropologie, l'épidémiologie, la démographie, l'économétrie... L'histoire de l'Europe, de l'Amérique et de l'Asie serait à réécrire si elle devait être amputée de sa part africaine, officielle et officieuse.

Que tous les édifices et monuments dans toutes ces villes d'Europe, d'Amérique et d'Asie qui sont bâtis sur le profit tiré du contact de l'Afrique du 7e au 20e siècle, direct ou indirect, soient subitement démolis !

Que tous les pays d'Europe anciens possesseurs de colonies en Afrique qui ont bénéficié des ressources du continent ainsi que du travail forcé imposé aux populations notamment pendant la grande crise économique des années 1930 restituent la valeur numéraire de ces profits à l'Afrique

Que toutes les entreprises multinationales qui ont exploité et continuent d'exploiter ce continent ainsi que les Africains payés au rabais en vue du développement de leur économie, remboursent au prix juste !

Que tous ceux en Europe, en Amérique et en Asie qui exploitent ou ont exploité des travailleurs africains déclarés ou non déclarés remboursent l'équivalant du salaire juste !

Que les sociétés étrangères qui encombrent et polluent l'Afrique de leurs produits invendables ou interdits de vente chez elles ou ailleurs dédommagent les Africains à la hauteur du préjudice subi !

(Extrait de : Tidiane Diakité, Appel à la Jeunesse africaine, L’Harmattan)

 

[ Réponse à la question 2 : à suivre]

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 11:08

240Femme, encore et toujours240

Dans son histoire passée ou récente, la France ne manque pas de modèles féminins en tous points exemplaires dans l'action publique. Les femmes ont joué un rôle sans doute aussi important que celui des hommes dans les deux guerres mondiales. Elles ont soigné, consolé, pansé les blessures visibles et invisibles, combattu, résisté. De Lucie Aubrac à Marie-Claude Vaillant-Couturier ou Germaine Tillon... la liste est bien fournie. S'agissant précisément des femmes dans la Résistance, le colonel Rol-Tanguy, grand résistant, déclarait en 1945 : « sans elles la moitié de notre travail aurait été impossible. » L'occupant le savait bien. Les femmes arrêtées furent traitées en conséquence : exécutions, déportations furent le sort réservé à la plupart d'entre elles comme aux hommes. A l'instar de Clara Haber, beaucoup de femmes, françaises et allemandes dont les manuels scolaires ignorent le nom, demeurent des oubliées des deux guerres mondiales.

Bien entendu, parmi les femmes dirigeantes de leur pays, il peut y avoir des exceptions. La guerre des Malouines (1982) ainsi que l'action politique de celle qui en fut la principale protagoniste fournissent la preuve qu'il peut y avoir aussi des femmes-faucons, des femmes-fauves, ou tout simplement des femmes politiques qui font moins bien ou qui font autant que les hommes pour la préservation de la paix et la sauvegarde de la justice sociale. Les « Belle-Irène », cela existe aussi.

La phrase fameuse de Sieyès définissant la place du tiers état dans la société française de la fin du XVIIIe siècle s'appliquerait à bien des égards à la femme dans cette même société en ce début de XXIe siècle et donnerait :

-      Qu'est-ce que la femme en France ?

Tout.

-      Qu'a-t-elle été jusqu'à présent dans la vie politique de la nation ?

Rien.

-      Que demande-t-elle ?

A devenir quelque chose en occupant sa juste place.


Certes, beaucoup a été fait depuis le XVIIIe siècle, mais aussi, beaucoup reste encore à faire pour parvenir à la parité hommes-femmes dans les faits et dans les esprits. Ceci constitue, à n'en pas douter, un des handicaps qui freinent la marche de la France vers la plénitude de son génie. Une nation ne peut avancer à grands pas quand des chaînes lourdes entravent le mouvement de la femme, inséparable de celui de l'ensemble de la société. Ecarter la femme des lieux de pouvoir et de décision, c'est priver la nation de ressources humaines inestimables, c'est gouverner le pays au ralenti avec une moitié de cerveau. Les droits des femmes sont les droits de tous ; l'épanouissement de la femme, c'est l'épanouissement de la société, corollaire du progrès de la nation. Il ne s'agit pas de donner le pouvoir aux femmes sur les hommes mais de faire qu'ils avancent ensemble à stricte égalité de droits et de devoirs.

En matière de droits de la femme et d'inégalité des sexes en France, le péché originel réside en partie dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789. Le texte de cette déclaration aurait dû s'intituler : « Déclaration des droits de l'homme et de la femme » ou simplement « Déclaration des droits du citoyen et de la citoyenne ». Cela aurait sans doute permis une évolution plus rapide des mentalités et nous n'en serions probablement pas, en 2003, à discuter de la parité hommes-femmes. Le refus obstiné de tout droit de suffrage aux tricoteuses, le sort dévolu aux plus éclairées d'entre elles (guillotinées en 1793) a valeur de symbole en consacrant dans les faits et dans les esprits l'inégalité des sexes en France. A défaut d'une telle clarification dès les origines, dans la mentalité de beaucoup de Français, les droits de l'Homme (même si le H majuscule désigne la personne humaine), ne sont garantis qu'au masculin, et l'application de ces droits aux femmes apparaît comme incongrue et heurte leur sensibilité d'homme. En paraphrasant André Malraux et par conviction profonde, j'estime que le XXIe siècle sera le siècle de la femme ou ne sera pas. Il sera le siècle de l'Humanité éclairée et pacifiée ou celui de la barbarie en furie. Puisse ce siècle nous faire la grâce d'une vision moins mercantile du monde et nous apporter, avec le droit au rêve et à la poésie, la certitude de plus de justice, d'amour fraternel et universel. Que le XXIe siècle soit celui de la femme enfin et qu'il libère l'homme de ces anachronismes et de ses artifices, bref, qu'il libère l'homme de lui-même.

 

  Impératrice d’Orient (797-802. Assoiffée de pouvoir, elle intrigue contre son fils, Constantin VI, empereur byzantin, à qui elle fait crever les yeux, pour le détrôner, et lui succéder.

 Dont Olympe de Gouges qui réclamait avec détermination les « Droits des Femmes » ainsi que l’abolition de l’esclavage des Noirs.

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 11:28

240240     La femme est plus que l'égale de l'homme

 

            Le 23 février 1917, la Marche des femmes russes à Saint-Pétersbourg — qui constitua l'acte de naissance de la révolution russe — avait pour motivation première de réclamer au Tsar Nicolas II la paix et du pain, mais aussi des libertés, donc la fin de l'autocratie. Leur marche, par sa détermination et sa spontanéité, finit par entraîner le courage et l'action des hommes. De même du temps de la colonisation française, lorsque les hommes se terraient, lâches et tremblants, on vit dans certains pays d'Afrique des femmes sortir, dignes de spontanéité et de courage, affronter mains nues les balles et braver les brutalités des sbires du pouvoir colonial. Ce fut déjà le cas au Sénégal lors de la très longue et très dure grève des cheminots du chemin de fer Dakar-Niger qui se déroula du 10 octobre 1947 au 19 mars 1948. A l'annonce de l'échec des négociations entre la délégation des cheminots africains et la direction française du chemin de fer, bravant et forçant les barrages militaires au péril de leur vie, les femmes organisèrent spontanément une longue et éprouvante marche sur Dakar (de Thiès à Dakar : distante d'environ cinquante kilomètres), destinée à obtenir le règlement pacifique et honorable du conflit.

           Ailleurs en Afrique, dans la colonie française de Côte d'Ivoire, pour protester contre l'arrestation arbitraire et l'emprisonnement massif des dirigeants du tout jeune Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (section du R.D.A : Rassemblement Démocratique Africain fondé en 1946 à Bamako) décidés par les autorités coloniales le 5 février 1949, les femmes organisèrent une marche fameuse (restée dans les annales d'histoire du pays) sur la capitale du territoire Grand-Bassam, pour réclamer la libération de leurs hommes ainsi que la paix.

           Plus récemment encore, dans l'histoire de l'Afrique indépendante, les femmes surent en maintes occasions faire preuve de la même détermination dans l'action et de la même inclination en faveur de la paix et de la justice.

         La volonté des femmes du Caucase du Sud de manifester (sous forme de rassemblements et de défilés), en faveur de l'arrêt de la guerre et pour la paix en Tchétchénie, répond aux mêmes impératifs et aux mêmes penchants naturels.

         Pour toutes ces raisons il serait de l'intérêt de l'Humanité que ce XXIe siècle naissant soit celui de la femme. Qui voit-on dans la rue, défiler, protester et manifester pour réclamer la paix ? Lorsque la violence s'installe dans un pays ou une région, la fraction de la société qui s'élève contre cette violence avec spontanéité, crie fort et manifeste pour le retour de la paix, se compose surtout de femmes. Les événements d’il y a quelques années, en Algérie, en Corse, en Bosnie, comme ailleurs, en donnent témoignage. Presque toujours dans l'histoire, l'initiative de ces mouvements de protestation en faveur de la paix s'inscrit au crédit de la femme. C'est ainsi que le 29 mars 1915 les femmes représentantes des partis socialistes de sept pays d'Europe : Allemagne, Angleterre, France, Italie, Pays-Bas, Russie et Suisse se rencontrèrent à Berne pour élaborer une résolution définitive condamnant la guerre et destinée à faire pression sur leurs gouvernements respectifs. Lors d'un grand rassemblement à Bastia, le 11 février 1995, n’a-t-on pas vu trois mille femmes résolues, signer un manifeste qui stipulait :

        Nous les femmes, nous n'acceptons plus la violence qui ruine la Corse. Nous ne voulons plus de la mort, nous choisissons la vie. Et que dire de ces Folles de la Place de Mai, ces femmes obstinées qui militent à leurs risques depuis 1977 en Argentine pour plus de justice dans leur pays ?

            Il arrive aussi que les hommes suivent. Mais ce sont les femmes parfois spontanément, en tout cas sincèrement, avec foi, qui ouvrent la marche.

          Ici en Corse, là en Algérie ou ailleurs en Bosnie, ces défilés en faveur de la paix démontrent avec éclat que l'injustice qui consiste à éloigner les femmes des rênes de la direction des pays et à les maintenir en marge de la vie politique constitue un crime contre la paix. Faire accéder les femmes au pouvoir ce serait aussi faire changer les hommes. Les femmes au pouvoir, c'est la paix dans le monde.

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