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4 mars 2022 5 04 /03 /mars /2022 09:44

 

GUSTAVE GAUTHEROT, UN ANTIBOLCHÉVIQUE RÉSOLU (2)

 

 

Les Bolchéviks dans les possessions françaises d’Afrique, par Gustave Gautherot

 

 

Gustave Gautherot était persuadé que les bolchéviks s’adonnaient à une œuvre mondiale de subversion minutieusement programmée qui commence par les possessions françaises d’Afrique (Nord et Sud du continent), comme on peut le constater dans l’extrait ci-dessous.

 

 

Le texte est un extrait de « Le Bolchévisme aux colonies » :

 

« Le Bolchévisme en Afrique

 

Le 4 mars 1928, en installant la commission interministérielle chargée d'étudier les projets relatifs à l’extension des droits politiques des indigènes de l’Algérie et des colonies, le Ministre de l’Intérieur, M André Tardieu, après avoir observé que « tout se tenait dans l’unité française », a donné ce solennel avertissement :

« Sur tous les points de ce vaste empire, mais plus particulièrement en Afrique, nous avons d’autre part à compter avec deux forces, dont l’une est ancienne et l’autre récente ; dont l’une a prouvé qu’elle comporte avec notre génie de mutuelles et fécondes adaptations, dont l’autre démontre chaque jour qu’elle est inassimilable ; dont la première fut et demeure créatrice de civilisation et dont la seconde ne serait que dissociante et destructive. La première est l’Islam, la seconde est le bolchévisme. Vous compterez avec toutes les deux. »

Entre l’Islam et la civilisation européenne, entre leur spiritualisme, leur morale, leurs principes sociaux élémentaires, il existe en effet des points de contact et des possibilités de collaboration. La muraille qui les séparait ressemble à ces antiques remparts qui courent aujourd’hui à travers les cités sans entraver la commune activité. Bien avant les gouvernements franco-tunisiens et franco-marocains, l’amitié franco-musulmane a prouvé qu’au fond rien n’empêchait d’anciens ennemis de se tendre une main loyale et de travailler ensemble, dans le mutuel respect de leurs croyances héréditaires, aux œuvres de paix. Nous ne sommes d’ailleurs qu’aux premières décades de cette heureuse collaboration, et il y a lieu d’espérer qu’elle multipliera ses fruits. En tout cas, le fanatisme musulman a les meilleures chances de s’assouplir à notre contact ; les vertus des races qui, dans le passé, furent si fécondes, et qu’une sorte de maladie du sommeil immobiliserait ne seront pas étouffées, mais revigorées par notre génie en plein essor ; et se sera tout profit pour l’humanité.

Nous en dirions de même des autres religions africaines, de ces religions « animistes » qui n’excluent pas une remarquable sociabilité. La sauvagerie du continent noir est d’ordinaire le résultat de déchéances qu’il nous appartient de guérir. Entre Français et indigènes, la confiance, la compréhension, l’amitié, s’établissent aisément. Jusqu’au cœur de l’Afrique, nos missionnaires multiplient de significatives conquêtes. L’avenir est plein de fraternelles espérances.

**

Mais voilà que se dresse, sur ce continent renaissant, le « spectre rouge » du bolchévisme : il y inspire, non pas la fraternité, mais la haine ; il y prépare non pas le progrès dans la paix, mais la régression dans la guerre destructrice. Entre l’Islam et la France, il cherche, non pas à aplanir les barrières mais à les relever. Le bolchévisme qui est, en dernière analyse, l’ennemi mortel de toutes les libertés comme de tous les sentiments religieux, prêche l’indépendance nationale, bien plus l’indépendance raciale, la révolte continentale, et prétend constituer contre nous, contre l’Europe, le bloc africain : Afrique noire contre Afrique blanche.

Ce n’est encore qu’un rêve assez lointain. L’U.R.S.S. ne pénètre pas l’Afrique de toutes parts comme elle pénètre l’Asie. Ni par leur densité, ni par leur degré de culture, les deux continents ne sont comparables. Les insurrections chinoises, hindoues ou druses n’ont pas eu encore — (sauf avec Abd-el-Krim) — leurs pendants en Afrique. Mais le plan d’action est nettement tracé ; leurs courants d’idées sont établis ; les conséquences s’en développent régulièrement, favorisées par des rivalités internationales et par des disputes françaises qu’il importe d’abord de caractériser. »

 

Papillon communiste collé sur les murs d'Alger en 1930

 

****

« Rivalités internationales et Problèmes français

 

Le partage de l’Afrique s’est naturellement effectué, au XIXe siècle, entre les puissances qui contribuèrent le plus à découvrir le continent, qui y possédaient déjà des territoires, qui se trouvaient orientées vers lui et en mesure d’y soutenir leurs droits. L’Allemagne sut, après coup, s’y tailler un véritable empire, que lui fit perdre sa défaite de 1918. L’Italie, trop tard venue, et d’ailleurs arrêtée jadis par des opérations malheureuses, se trouve à l’étroit en Tripolitaine. Les Etats non-coloniaux et l’Union Nord-Américaine elle-même estiment aujourd’hui que les débouchés africains ne sauraient rester le monopole de quelques nations. D’où les compétitions dont joue Moscou.

 

LA COLLUSION GERMANO-SOVIÉTIQUE

 

Par les traités de Brest-Litovsk, de Rapallo et de Berlin, le Reich a conclu avec les Soviets — « avec le diable » — des pactes qui, au point de vue économique, ont abouti à de fatales désillusions, et qui, au point de vue politique, ont singulièrement favorisé la bolchévisation de l’Allemagne. Des patriotes aussi éclairés que le général Max Hoffmann [ancien chef d’État-major des armées allemandes en Russie], dès 1919, et le capitaine Ehrhardt [chef nationaliste très actif], à la fin de 1929, ont d’ailleurs condamné une aussi funeste politique.

Si les Alliés victorieux lui avaient laissé ses colonies, le Gouvernement allemand n’en aurait-il  pas profité pour jouer en Afrique aussi la carte de Moscou ? Ou bien la solidarité coloniale ne l’aurait-elle pas rapproché de l’Occident ? Quoi qu’il en soit, dans l’état actuel des choses, la collusion germano-soviétique apparaît de la façon la plus nette sur le terrain colonial.

*

Pangermanistes et internationalistes moscoutaires s’accordent tout au moins pour combattre le traité de Versailles. En ce qui concerne les colonies, au mois d’avril 1929, le Dr H. Schacht, président de la Reichsbank et chef de la délégation allemande à la commission des Réparations, a manœuvré à Paris pour obtenir la restitution du Togo, du Cameroun, du Sud-Ouest et de l’Est-Africain allemands, restitution liée, déclarait-il, à la prospérité économique, et par conséquent à la capacité de paiement du Reich. Il était soutenu en cela par toute la presse d’Outre-Rhin, et par les objurgations de la « Ligue d’Empire des Allemands à l’étranger, des Colonies et des pays frontières dépouillés de leurs biens ». Logiquement, cette attitude est inconciliable avec le bolchévisme — qui réclame l’abolition de toute domination coloniale ; —  mais, outre que la politique germanique s’embarrasse assez peu de pure logique, les colonialistes allemands, repoussés par les Puissances mandataires, les attaquent alors avec des arguments semblables à ceux de Moscou.

*

Pour établir la nécessité du retour en Afrique des colons, des ingénieurs, des médecins, des missionnaires allemands, ils taxent en effet d’insuffisance, voir d’indignité, ceux qui les ont remplacés. Ils proclament la faillite de la colonisation française, anglaise ou belge. Ils prennent la défense des malheureux indigènes. Ils rejoignent alors les purs bolchévistes de la Ligue contre l’Impérialisme et contre l’Oppression Coloniale.

Nous avons suffisamment décrit les origines et l’action germano-soviétique de cette ligue pour qu’il soit utile d’y revenir. Nous n’accusons pas l’ensemble de la nation allemande d’un aussi détestable concours ; mais il est démontré que les mortels ennemis de la civilisation européenne et de son rayonnement à travers le monde ont pu établir leur second quartier général dans un pays dont la culture et la puissance d’expansion devraient, en vérité, servir à d’autres fins.

Pour l’Allemagne elle-même, l’alliance avec les Soviets est une arme à deux tranchants, qui déjà entaille profondément sa propre substance, l’empoisonne et la menace d’une irrémédiable déchéance.

L’AMBITION ITALIENNE

 

Romme et Moscou ne sont-ils pas aux antipodes ? Le « Duce », qui a soustrait la péninsule aux griffes du bolchévisme, réconcilié de Quirinal et le Vatican, et insufflé une âme nouvelle au peuple italien, pourrait-il conspirer en quoi que ce soit avec l’ennemi juré du fascisme ? Ce serait assurément paradoxal. Mais il arrive que les extrêmes se touchent, surtout quand la politique méprise les lois d’un sage équilibre.

Sans attacher plus d’importance qu’il ne convient aux extravagances des thuriféraires qui saluent en M. Mussolini l’ « Empereur des Latins » et vont jusqu’à opposer son triomphant césarisme au « despotisme tremblant d’une France en dissolution », jusqu’à imaginer un « Occident Romain » en révolte contre l’ « Occident usurpateur » dans lequel « la suprématie de Paris n’est qu’une apparence », nous devons constater que les ambitions fascistes sont assez conquérantes pour réclamer, en Europe, la Corse, l’ancien comté de Nice et la Savoie ; en Afrique, les territoires du Borkou et du Tibesti, qui séparent la Tripolitaine du lac Tchad, et même, bien au-delà, le Cameroun, ce qui constituerait, de la Méditerranée au Golfe de Guinée, une Afrique italienne coupant en deux l’Afrique française ! Il s’y ajouterait sans doute la Tunisie, qu’une colonisation non pas seulement économique, mais d’allure politique et agressive, vise à italianiser. On voit tout ce qu’une telle attitude a d’incompatible avec l’amitié franco-italienne et avec l’équilibre européen, tout ce qu’elle présente, par conséquent, d’avantageux pour l’ennemi commun.

*

Une si aveugle activité entraîne de tristes conséquences. Puisqu’on songe à dépouiller la France, ne convient-il pas d’en affaiblir, d’en flétrir la domination coloniale ? Le 31 janvier 1929, le Giornale d’Italia publiait  une correspondance de Paris dont les titres monumentaux sont assez significatifs :

« Premières lueurs sur les mystères de la tragédie africaine : trois millions de noirs en fuite de la colonie française :

17 000 victimes pour 140 kilomètres de chemin de fer.
          
La féroce persécution des travailleurs africains.
          
Cruauté incroyable et massacres en masse. »

 

Que s’était-il passé ? Dans la Haute-Sangha congolaise, où nous n’avons qu’un cadre très restreint de fonctionnaires, le sorcier Karinou avait suscité une certaine effervescence. Le sorcier était mort depuis, et le trouble s’était apaisé. Il s’agissait donc d’incidents sans importance, mais aussitôt grossis par la haine de l’Humanité, qui annonça :

« En A.E.F., les nègres se dressent contre la colonisation sanglante.

La révolte des noirs de la Grande-Forêt.

Le ministre Maginot, actuellement à Dakar, hâte l’organisation des colonnes de répression. »

 

 

Ce vulgaire bourrage de crâne avait été utilisé par le Giornale d’Italia ! Et d’autres journaux italiens imitent, quand il s’agit d’attaquer la colonisation française, la presse de Moscou : par exemple Il Tevere (de Rome), dont une caricature montre un officier français cravachant un pauvre nègre nu et décharné : « Bandit ! crie le Français, cela ne te suffit donc pas d’avoir l’honneur d’être citoyen du grand empire français ! » Sous le titre « Degrés de civilisation », l’A.E.Z. (de Rome) publie « quelques renseignements démographiques recueillis au Congo français d’où il résulte que la mortalité des noirs y est épouvantable », renseignements synthétisés dans ce dialogue illustré entre un obèse colon et un nègre affublé à l’européenne : « Nous nous révoltons parce que nous sommes les plus civilisés des Français. — Comment ? — Certainement ! Nous sommes déjà  arrivés à cent morts pour cinquante naissances ! » Un dessin d’Il Impero (de Rome) représente un officier français donnant des chaussures et un fusil à un indigène : « Tu es idiot, dit le noir, si tu espères que je veux me mettre des souliers pour me faire massacrer sur le Rhin ! ». Sous le titre « Au chic parisien », Il Travaso delle Idee (qu’imprime la Tribuna Romana) offre le 7 juillet 1929 a ses lecteurs ce dialogue entre une acheteuse et un vendeur : «  C’est exagéré ! Un simple petit sac en peau, mille francs ! — Mais, c’est de la peau de maroquin (marocain), et celle-ci coûte très cher aujourd’hui, surtout à nous autres Français. »

Est-ce l’ambassadeur des Soviets à Rome qui fournit les clichés, ou les idées ? En tout cas, il doit en être satisfait, non seulement à l’égard de la France, mais encore à l’égard de l’Italie et de toutes les Puissances colonisatrices.

*

C’est toujours, en effet, l’arme à deux tranchants qui frappe à coup sûr. Si les fascistes dont nous venons de caractériser la manière n’en comprennent pas le danger, leur gouvernement ne saurait fermer les yeux à l’évidence. L’Italie, elle aussi, emploie des troupes noires : « A Bou-Aily, — relatait, lors des opérations militaires de Cyrénaïque, l’Union du 30 janvier 1929, — l’un de nos officiers tombait valeureusement pendant le combat avec dix hommes de couleur. Nous avons eu en outre vingt blessés, tous de couleur ». Lors du mariage du Prince de Piémont avec la Princesse de Belgique, — avec la fille du souverain du Congo, — le défilé des troupes de couleur a d’ailleurs déchaîné l’enthousiasme romain. Comment l’Italie s’assurera-t-elle de leur fidélité, quel rôle pourra-t-elle jouer en Afrique, si elle y détruit elle-même le prestige des blancs, et si elle méconnaît la solidarité coloniale qui — face au bolchévisme — unit nécessairement les puissances européennes ?

Cette solidarité est d’ailleurs battue en brèche par d’autres nations de race blanche.» 
[…]          
                
(Gustave Gautherot, Le Bolchévisme aux colonies, et l’impérialisme rouge)

 

****

Ainsi le professeur Gautherot aura, toute sa vie, lutté avec constance, par la plume, contre ce qu’il nommait l’ « infection des colonies » françaises par ce qu’il considérait comme le mal absolu, le bolchévisme soviétique.

Il croyait ce « virus » capable, en s’infiltrant dans les colonies, d’infester l’esprit des indigènes, les amenant ainsi à toutes sortes de rebellions contre la métropole.

 

 

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14 février 2022 1 14 /02 /février /2022 13:40

 

GUSTAVE GAUTHEROT, UN ANTIBOLCHÉVIQUE RÉSOLU

Un rempart contre l’expansion du bolchévisme en Europe ?

 

Gustave Gautherot (1880-1948)

 

> Seul dans la tempête Rouge ?

Fort d’une impressionnante documentation glanée dans la presse mondiale, Gustave Gautherot (1880-1948), professeur d’histoire, docteur ès lettres, fut un combattant acharné du communisme et de l’Internationale contre lesquels il lutta tel un Don Quichotte français se battant contre les moulins à vent dans un désert aride.

Toute sa vie, il lutta avec le même zèle contre l’expansion du communisme bolchévique en France, en Europe, mais aussi en Amérique, en Afrique, en Asie où il étudia avec minutie les conquêtes et les avancées du communisme dans toutes ces régions du globe.

Il étudia avec soin les méthodes d'organisation du bolchévisme pour infiltrer les associations, les syndicats de même que leurs responsables.

Selon lui, les Bolchéviques possédaient l’art le plus raffiné pour infiltrer les responsables syndicaux notamment dans les colonies européennes d’Afrique, d’Asie…

 

Document extrait du livre
Le bolchévisme aux colonies et l’impérialisme rouge,
Gustave Gautherot

 

> Un véritable érudit, scientifique et politique

Gustave Gautherot laisse une œuvre importante par sa diversité, avec sans doute une préférence pour la politique et la société.

Parmi cette œuvre foisonnante :

  • Les relations franco-helvétiques de 1789 à 1792.
  • La Révolution française dans l’ancien évêché de Bâle.
  • L’Assemblée constituante : le philosophisme révolutionnaire en action.
  • La Démocratie révolutionnaire. De la Constituante à la Convention.
  • L’agonie de Marie-Antoinette.
  • Le Monde communiste

 

Enfin un dernier ouvrage mais non  le moins lu, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

  • Derrière le rideau de fer, la vague rouge déferle sur l’Europe (1946)

 

 

Élu sénateur de la Loire Inférieure en 1932, puis 1933, l’infatigable baroudeur anti-communiste a rendu l’âme le 24 avril 1948 à Paris, couvert de distinctions et de titres honorifiques :

  • Croix de guerre
  • Chevalier de la Légion d’Honneur

Et de multiples prix littéraires.

 

 

Ce texte est extrait de « le Bolchévisme aux colonies et l’impérialisme rouge » de Gustave Gautherot, publié en 1930.

L’intérêt de ce texte réside — selon certains spécialistes — dans le fait qu’il apparaît non comme une attaque frontale du système soviétique mais comme un moyen de dénoncer les méthodes utilisées par ce régime, consistant à affaiblir les puissances européennes en les attaquant dans leurs possessions coloniales : en Afrique, en Amérique, en Asie…

 

« Le gouvernement Soviétique, étroitement lié à la Troisième Internationale, a déclaré au monde une guerre sans merci. Il s’agit d’abattre la civilisation moderne, d’en éteindre le rayonnement et de lui opposer un impérialisme que le programme officiel de l’Internationale Communiste annonce en ces termes :

"En se groupant politiquement autour des centres de la dictature prolétarienne, les Soviets paysans des anciennes colonies arriérées et les Soviets ouvriers et paysans des anciennes colonies d’un type plus développé seront intégrés dans le système général de la Fédération toujours croissante des Républiques Soviétiques, et par là-même dans le système mondial de la dictature prolétarienne..."

Contre l’Occident, contre tous ses principes intellectuels, moraux juridiques, politiques, se retourneraient ainsi les masses asiatiques et africaines. Le but final de l’assaut n’est pas de libérer les peuples de couleur, de sauvegarder leurs propres traditions, mais de les plier à la Dictature de Moscou et de les absorber dans l’Union Soviétique qui — doctrinalement — n’a pas de frontières.

**

Nous savons quels sophismes et quelles réalités cache l’expression "dictature prolétarienne" : depuis 1917, l’histoire de l’infortuné peuple russe nous a suffisamment édifiés sur le léninisme et ses applications.

Mais le bolchévisme n’en poursuit pas moins sa course. On nous parle du "crépuscule" de la race blanche ; et la nécessité de défendre l’Occident contre les ténèbres venues d’Orient préoccupent d’autre part les esprits les mieux avertis, si dissemblables que soient leurs tendances. Bornons-nous ici à quatre témoignages particulièrement autorisés.

"Au moment même où nous essayons de nous rapprocher des âmes indigènes, écrit M. Georges Hardy, directeur de notre École Coloniale[1], d’autres influences tendent à les éloigner de nous. Un peu partout, de grands mouvements qui agitent le monde menacent de faire vibrer les populations coloniales : ici, c’est le Communisme ; ailleurs, la propagande pan-nègre, transmise par les Noirs d’Amérique ; ailleurs encore, le panislamisme, les menées révolutionnaires venues de l’Inde… Ces mouvements se trouent fréquemment déformés par les caractères et les traditions du milieu, où ils pénètrent ; telle agitation communiste, par exemple, n’a de communiste que le nom ; mais ils rejoignent généralement une formation ethnique, ils donnent aux groupements indigènes une conscience nouvelle de l’autorité européenne et compromettent un rapprochement qui s’annonçait déjà  difficile."

Le directeur du Bureau International du Travail dénonce plus positivement la force de la propagande communiste : "Partout, a déclaré M. Albert Thomas à son retour d’Extrême-Orient, non seulement l’isolement, mais aussi, il faut bien le dire, quelque opposition des races. Et, par là-dessus, un facteur qu’il ne faut pas négliger, qu’on retrouve partout, ici comme ailleurs, le Communisme… Au Japon, j’ai été accueilli par des cris et des sifflets à la gare de Tokyo : les communistes avaient menacé de ne pas me laisser débarquer. Dans les Universités, dans des auditoires de 3 000 à 3 500 étudiants japonais, il y avait toujours dans le fond quelque cent à deux cents Communistes qui intervenaient violemment, me posaient des questions ou m’insultaient…"[2]

Deux années auparavant, — le 22 avril 1927 — M. Albert Sarraut avait prononcé à Constantine le fameux discours dont il convient de rappeler quelques passages car l’ancien ministre de l’Intérieur et des Colonies, l’ancien Gouverneur général de l’Indochine, l’auteur du projet de loi sur "la mise en valeur des Colonies françaises"[3] y oppose de la façon la plus frappante les principes de la colonisation française aux doctrines communistes :

"L’insurrection coloniale, la perte ou l’abandon par la France de ses colonies est l’un des articles essentiels du programme de déchéance française dont l’exécution méthodique est impérieusement tracée par une influence étrangère aux affiliés français servilement courbés sous sa loi. Une logique rigoureuse ordonne à cet égard les desseins de la IIIe Internationale de Moscou. La France représente dans le monde la force morale la plus capable sans doute de résister victorieusement à l’entreprise universelle de désagrégation nationale et sociale d’où les dirigeants du Communisme moscovite espèrent faire surgir le nouvel impérialisme.

"La colonisation a toujours été pour la France une création d’humanité, et si le colonisateur est en droit de retirer de son œuvre de légitimes avantages, la doctrine française considère qu’elle n’est pas simplement un enrichissement national, mais en enrichissement universel…

"Avec son domaine d’outre-mer, la France est une nation de cent millions d’habitants, riche d’incomparables richesses. Sa force militaire, c’est-à-dire sa sécurité et son avenir économique, dépendent largement, dépendront plus largement encore demain de ce potentiel colonial. Voilà donc ce qu’il faut annihiler

"Pour le Gouvernement et le Parlement, comme pour les masses laborieuses, la devise, le mot d’ordre doit rester le même : le Communisme, voilà l’ennemi."

Plus récemment, c’est l’organe d’observateurs très compétents, — car ils sont en contact étroit avec l’âme indigène — c’est la Revue Missionnaire (de mars 1930) dont l’éditorial caractérisait ainsi "la marée montante du bolchévisme"

"Les troubles révolutionnaire d’Indochine et de Durban (Sud-Africain), les révélations du procès de Meerut (Indes anglaises) et des quelque huit cents communistes arrêtés au Japon, la recrudescence de l’opposition communiste dans les provinces du Sud en Chine, nous montrent dans le monde entier le progrès irrésistible du bolchévisme en pays de Missions. Alors que la vie chrétienne ne s’y épanouit que lentement, à la manière d’une plante qui croît et se développe, le bolchévisme se propage à la manière d’un feu destructeur : sa flamme tantôt monte toute droite, se faisant plus vigoureuse, tantôt se couche et rampe sous une rafale, se communiquant à tout ce qui l’entoure."

Si forts, cependant, que soient de tels cris d’alarme, et si vives les flammes qui jaillissent aujourd’hui à travers les continents, l’alerte est encore inopérante. La Revue Missionnaire elle-même croit pouvoir affirmer que "Moscou n’est pas la tête du bolchévisme"[4]. L’éminent directeur de l’École Coloniale craint d’exagérer le rôle du bolchévisme (dont il n’étudie d’ailleurs pas l’organisation). Le Bureau International du Travail, et la Société des Nations gardent à son endroit une déconcertante passivité. Les gouvernements attaqués, du dehors et du dedans, ne prennent contre l’ennemi commun que  des mesures sans portée, contradictoires et isolées, quand ils n’en favorisent pas les entreprises par de fatales complaisances.

 

**

Au cours de ce livre, qui met nécessairement en jeu toute la politique internationale, nous verrons en effet la vigoureuse logique des principes et l’unité de front existant du seul côté de l’agresseur.

Il est évident que la destruction des empires coloniaux entraînerait la ruine des métropoles, la ruine aussi des autres pays, en raison de la solidarité économique internationale. Entre la France et la Grande-Bretagne par exemple ou entre l’Europe et l’Amérique, aucune concurrence d’intérêts ne saurait au fond l’emporter sur les liens vitaux qui unissent les producteurs, les commerçants et les consommateurs, sans parler des liens immatériels qui rapprochent les âmes. L’Impérialisme Rouge cherchant à briser ces liens et à déchaîner ces catastrophes, il est non moins évident qu’il faut lui barrer la route.

Or, maints gouvernements tolèrent et en quelque sorte légalisent la servile et criminelle propagande de ses agents ; reconnaissent "de jure" et admettent les ambassadeurs d’une puissance qui, par définition, combat implacablement tous leurs droits et le Droit lui-même. Si l’on traite ainsi d’égaux à égaux avec les bourreaux d’une grande nation et avec les perturbateurs du monde ; si les journaux communiste ont licence d’inciter quotidiennement, publiquement les peuples coloniaux à la révolte ; si un députés communiste peut impunément faire l’apologie de l’insurrection et de la trahison à la tribune du Parlement, quelle autorité peuvent ensuite conserver les arrêts de justices, et comment les condamnés ne seraient-ils pas transformés en victimes de l’arbitraire, en martyrs, bientôt en triomphateurs, — alors qu’en Russie Soviétique la résistance à l’oppression, même sur le terrain économique, est un crime capital, irrémissible ?

Le plus vaste des empires coloniaux va plus loin encore ; au moment même où le bolchévisme bouleverse ses possessions asiatiques et africaines, il étend le privilège de l’immunité diplomatique aux délégations commerciales dont l’ingérence dissolvantes est inévitable.

Les relations diplomatiques ne sont d’ailleurs pas nécessaires aux commerçants, aux industriels, aux ingénieurs, aux capitalistes pour conclure avec les Soviets des marchés qui sont doublement des marchés de dupes ; car d’une part les ressources fournies au Gouvernement Soviétique servent à alimenter sa propagande extérieure ; d’autre part, si la réintégration de l’immense Russie dans l’économie mondiale s’impose certes le plus en plus, il est clair qu’elle ne pourra s’opérer efficacement qu’après la chute de ses destructeurs.

Que dire des "pactes avec le diable" et des hideuses collusions dont usent encore certains politiciens assoiffés de revanche ou brûlés d’ambition ? Ignorent-ils donc que l’Impérialisme Rouge compte précisément sur les luttes fratricides des nations civilisées pour réaliser ses desseins ?

**

Le plan bolchéviste commence pourtant à s’inscrire sur le globe en traits de feu.

Les principes directeurs et le mécanisme de la révolution mondiale sont exposés dans les statuts de l’Internationale Communisme, les comptes-tendus de ses congrès, les bulletins de ses groupements internationaux. Il en ressort que jamais méthode plus rigoureuse, voire plus "scientifique, n’a été mise au service d’une plus puissante machine de guerre sociale.

En Europe, même parmi les esprits cultivés, cette monstrueuse théorie a multiplié les victimes. Ce goût du suicide, cette éclipse du bon sens, ce refroidissement du foyer civilisateur paraissent au premier abord assez alarmants. Mais les races qui, de 1914 à 1928, ont prodigué tant d’héroïsme ne sont pas des races épuisées ; et leurs prodigieuses expansions d’outre-mer prouvent qu’elles ne sont pas en décadence. Le bolchévisme a, somme toute, échoué sur ce continent, ou du moins ce continent reste capable de le juguler.

En Asie, il en va autrement. Appliqué à d’antiques civilisations qui n’ont pas rajeuni leur sève, le bolchévisme — combiné d’abord avec le nationalisme wilsonien — produit l’effet d’un explosif.au sein de l’anarchie chinoise et à travers la révolte hindoue on voit apparaître les nouveaux maîtres. L’Union Soviétique, étalée sur la moitié du continent, injecte directement son virus à des masses de huit cent millions d’hommes : si elle ne parvient pas à les lancer contre l’Europe, elle peut du moins s’en servir pour chasser les colonisateurs blancs, pour couper les courants internationaux, pour rompre l’équilibre mondiale, — pour porter à l’Europe le coup indirect qu’elle espère mortel.

En Afrique, la gangrène est beaucoup moins menaçante. Les populations méditerranéennes retrouvent le soleil latin. Les races noires, enfin éveillées, sont entraînées dans son orbite et fraternisent avec nous dans le vaste empire qui prolonge la France jusqu’au Congo. La Belgique, l’Italie, l’Espagne, le Portugal complètent sur ce sol neuf l’emprise européenne. Pour l’humanité, il y a là de magnifiques espérances. Nous n’oublions pas l’Angleterre, grande puissance africaine : mais ici aussi le "colosse aux pieds d’argile" est fortement secoué ; les troubles de l’Union Sud-Africaine répondent à ceux des Indes ; l’indépendance égyptienne, conjuguée avec la sédition palestinienne, menace le canal de Suez, artère impériale. Une  révolution noire sud-africaine ne se répercuterait-elle pas jusqu’au cœur du continent ? Et comment l’Afrique, surtout si le Nord-Est laisse passer le flot rouge, ne subirait-elle pas le contrecoup des révolutions asiatiques ? Jamais l’armée française (qui garde heureusement, comme au temps des croisades, le bastion syrien) et la flotte britannique n’ont-été plus solidaires !

La solidarité s’étend aux Amériques, peuplées d’Européens. Si les États-Unis prétendaient encore "tourner le dos" aux mères-patries, Moscou se chargerait de modifier cette attitude, d’ailleurs illusoire, car le bolchévisme progresse dans le Nouveau-Monde ; il s’efforce d’en disjoindre les races, d’y acclimater la "lutte de classe" et d’y saper une prospérité dont les gigantesques « gratte-ciel » ne s’élèvent pas sur d’assez fermes assises ; il y cherche même des renforts pour "libérer" l’Afrique…

L’Impérialisme Rouge présente au moins cet avantage de nous faire comprendre que pour les continents eux-mêmes l’époque n’est plus des "splendides isolements". Mais encore faut-il que le rapprochement des peuples enfante la paix, et non la guerre. Et c’est bien la guerre, la guerre totale, la guerre universelle que prépare l’Impérialisme Rouge.

**

Nous établirons surabondamment ces tragiques vérités.

Il nous a été difficile de donner des contours précis aux mouvants événements et de discerner le degré de véracité de maintes informations. Mais nous avons toujours noté les sources auxquelles nous puisions : le lecteur pourra donc les vérifier, ou en apprécier la portée.

En ce qui concerne la doctrine et le programme d’action du bolchévisme anticolonial, la force de notre documentation est d’ailleurs indéniable, puisqu’elle est extraite de la "littérature" soviétique.

Cette "littérature" indigeste, rebutante, barbare, est trop peu connue. Elle échappe même aux "sympathisants" communistes qui pèchent surtout, nous l’avons souvent constaté, par ignorance et par naïveté. Elle échappe  aussi sans doute aux hommes d’État, aux guides politiques et intellectuels des peuples, puisqu’ils en tiennent si peu de compte. Présentée sous une forme substantielle, et objective, car il s’agit de serrer de près les textes et les faits, mais méthodique et nous l’espérons, assez claire, complétée par les critique des assertions bolchévistes, elle dévoile l’extraordinaire puissance des plans de l’Impérialisme Rouge et l’aveugle ou coupable faiblesse des résistances qu’il rencontre.

Un inexorable dilemme s’impose aujourd’hui aux Êtas civilisés. Ou bien ils s’uniront contre l’ennemi commun ; ils l’expulseront de chez eux et des colonies qu’il infecte ; ils lui arracheront les peuples asiatiques et africains qu’il veut enchaîner au char d’Attila. Ou bien ils subiront sa dictature et livreront ainsi l’humanité aux pires régressions. » (Gustave Gautherot)

 

 


[1] Nos Grands Problèmes Coloniaux (Armand Colin, Paris, 1929)

[2] Communication au Comité National d’Études, séance de la Cour de Cassation du 4 mars 1929. M. Albert Thomas fit des déclarations analogues à l’Institut Colonial Français.

[3] Déposé à la Chambre le 12 avril 1921, ce projet n’a jamais été discuté.Il a été publié par l’éditeur Payot (1923)

[4] La revue estime qu’"un changement de régime politique en Russie ne marquerait nullement un arrêt dans la bolchévisation du monde"  parce que "la IIIe Internationale possède une organisation indépendante du Gouvernement soviétique". C’est une erreur de fait. Il est probable que la IIIe Internationale survivrait à la chute du Gouvernement soviétique, mais privée de sa gigantesque base d’opérations, elle s’agiterait comme un serpent dont on aurait tranché la tête.

 

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28 novembre 2021 7 28 /11 /novembre /2021 10:33

 

APRÈS L’ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE 1918
LA FRANCE (2)

 

Monument aux morts

****

> Rappel : même si le traité de Versailles lui permet de satisfaire son principal but de guerre, la France sort  meurtrie de ce conflit, voire triplement meurtrie et affaiblie :

  • Des dégâts et ruines considérables
  • Une population gravement saignée
  • Un pays appauvri et lourdement endetté

> Comment se reconstruire ?

Avec des dégâts aussi lourds ?
Avec une population si fortement diminuée (tant de morts, de blessés, de mutilés) ?
Sans argent ?

Au départ la France a beaucoup compté sur les sommes que l’Allemagne devait lui payer au titre des réparations fixées par le  traité de Versailles.
Le leitmotiv des responsables de l’époque pour exécuter les travaux était : « Quand l’Allemagne paiera… »

Or la France attendit en vain, l’Allemagne refusant de payer les réparations.

 

 

 > Incidences de la guerre sur la population française

Celle-ci est, en gros, divisée en deux : les gagnants et les perdants.

  • Les perdants : essentiellement les rentiers et ceux appelés les profiteurs de guerre, c’est-à-dire tous ceux qui ont tiré profit de la situation : fournisseurs divers de l’armée, commerçants ayant fortement augmenté leurs prix, les propriétaires augmentant les loyers…
  • Les gagnants : ceux qui ont pu se reconvertir à temps en transformant les productions ou service pour l’armée en service pour la société civile :

Exemple :

-les transports militaires reconvertis en moyens de transport civils
-les avions de combat transformés en avions de transport pour les civils

 

défilé des gueules cassées

> Innovations diverses

  • En médecine :

-progrès importants en chirurgie pour redonner un « visage acceptable » aux « Gueules cassées » et autres blessés de guerre. Ces progrès seront utilisés pour les civils.
-inventions de divers prothèses pour les blessés de guerre, également utilisés ensuite pour les civils.

 

  • Les villes et villages se couvrent de monuments aux morts avec le plus souvent inscriptions des noms de ceux qui sont tombés au front.
  • Sur le plan social la fin de la guerre marque le début d’une nouvelle époque :

-Les anciens combattants se constituent en associations qui revendiquent considération et avantages divers.
-les femmes revendiquent de nouveaux droits dont le droit de vote qui leur sera refusé (contrairement à la Grande-Bretagne où les femmes ont obtenu le droit de vote dès la fin de cette guerre).

Des associations de femmes se constituent pour manifester et revendiquer leurs droits, telles les suffragettes. Elles revendiquent aussi le droit de s’habiller comme elles le désirent, notamment en costume d’homme, par exemple les garçonnes.

 

C’est le début de la longue marche des femmes françaises pour leur émancipation, lutte commencée dès la Révolution de 1789. (Voir articles du blog : « La longue marche des femmes françaises pour l’égalité hommes-femmes » du 26-11-2017 au 02-01-2018)

 

Une garçonne

La nouvelle époque que connaît le pays fait le lit de la presse et des artistes. Toute une littérature naît de cette époque, comme dans Le Cheval d’orgueil de PJ Hélias où l’on voit un héros de guerre de retour chez lui face à son épouse, une situation vécue par beaucoup de combattants de retour chez eux.

 

« Ceux dont la femme a eu la charge de tout pendant quatre ans ont plus de mal à reprendre le train d’avant. Il leur faut de nouveaux s’imposer à leur place. Et la femme a pris de telles habitudes a tellement peiné nuit et jour qu’elle abandonne difficilement ses prérogatives. Quelques héros couverts de médailles n’arriveront jamais plus à commander. » (P Jakez Hélias, Le Cheval d’orgueil, Plon)

 

Des chansonniers se sont aussi inspirés de ce thème, en reprenant des chants populaires comme le suivant :

 

« Brave marin revient de guerre, tout doux
Tout mal chaussé, tout mal vêtu
Brave marin, d'où reviens-tu, tout doux

Madame, je reviens de guerre, tout doux
Qu'on apporte ici du vin blanc
Que le marin boive en passant, tout doux

Brave marin se met à boire, tout doux
Se met à boire et à chanter
Et la belle hôtesse à pleurer, tout doux

Ah qu'avez-vous donc, la belle hôtesse, tout doux
Regrettez-vous votre vin blanc
Que le marin boit en passant, tout doux

C'est pas mon vin que je regrette, tout doux
Mais c'est la mort de mon mari
Monsieur vous ressemblez à lui, tout doux

Ah dites-moi, la belle hôtesse, tout doux
Vous aviez de lui trois enfants
Et j'en vois quatre à présent, tout doux

On m'a écrit de ses nouvelles, tout doux
Qu'il était mort et enterré
Et je me suis remariée, tout doux

Brave marin vida son verre, tout doux
Sans dire un mot, tout en pleurant
S'en retourna à son bâtiment, tout doux

Tout doux
      Tout doux… »

 

 

En définitive si la France sort de la 1ère Guerre mondiale ruinée et blessée, elle a un espoir cependant : son vaste empire colonial sur lequel, disait-on, le soleil ne se couche jamais ; et surtout sa partie africaine que le colonel Mangin, présentait comme « un réservoir inépuisable d’hommes, de combattants, de produits naturels et de travailleurs ».

Le traité de Versailles n’est pas l’unique traité qui a contribué à changer la carte de l’Europe. il y eut deux traités importants, le traité de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919) et le traité de Sèvres (10 août 1920) qui consacrent le démantèlement des Empires centraux et la naissance de la nouvelle carte de l’Europe.

 

Quant au traité de Versailles lui-même, il fit des mécontents selon les points de vue ou jugements suivants :

 

Un Français : « Le traité n’est pas fameux ; je suis tout prêt à le reconnaître. Mais, et la guerre, a-t-elle été fameuse ? Il a fallu quatre ans et je ne sais combien de nations pour venir à bout de l’Allemagne. […] Vingt fois pendant la guerre, on a cru que tout était fini. […] Or la France sort de là vivante, son territoire reconstitué, son empire colonial agrandi, l’Allemagne brisée, désarmée. » (G. Clemenceau, 1928)

 

Un Allemand : « Jamais n'a été infligée à un peuple, avec plus de brutalité, une paix aussi accablante et aussi ignominieuse [...]. Une paix sans négociations préalables, une paix dictée comme celle de Versailles, c'est comme quand un brigand renverse à terre un malheureux et le contraint ensuite à lui remettre son porte-monnaie. » (B. von Bülow, Mémoires, 1931)

 

Un Anglais : « Le traité ne comprend nulle disposition en vue de la restauration économique de l'Europe [.,.], rien pour organiser les nouveaux États ou sauver la Russie. La paix mènera l'Europe souffrante jusqu'au bord de la ruine et de la famine. Le but de Clemenceau était d'affaiblir l'Allemagne par tous les moyens possibles. » (J. M. Keynes, Les Conséquences économiques de la paix, 1919)

 

Quant à l’Italie, outrée de ne pas avoir obtenu tous les territoires désirés (les terres irrédentes), elle rappela son délégué qui quitta la réunion de Versailles en claquant la porte.

 

La nouvelle carte de l’Europe après la 1ère Guerre mondiale

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14 novembre 2021 7 14 /11 /novembre /2021 09:39
APRÈS L’ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE 1918
LA FRANCE (1)

Arras : 80% de la ville rasés pendant la 1ere Guerre mondiale

Après une belle victoire, un pays quasi totalement ruiné
À reconstruire

 

Une guerre totale aux conséquences lourdes pour la France et pour l’Europe

En France, les lendemains de guerre ne chantent guère, et pour cause !
Pour l’essentiel, c’est sur le sol de France que les combats se sont déroulés. Le Nord-est du pays en particulier, mais partout, les destructions sont impressionnantes, les dégâts considérables : cultures détruites, ponts brisés, maisons  et usines détruites… bref, un véritable spectacle d’horreur jamais vu dans ce pays.

De tous les belligérants, la France est celui qui a le plus souffert, de loin celui qui a subi les destructions les plus nombreuses et les plus spectaculaires.
Quelques chiffres : au lendemain de la guerre on compte 312 000 immeubles détruits et 500 000 endommagés, 3 millions d’hectares cultivé désormais hors d’usage, 54 000 km de routes, 8 000 km de voies ferrées et de ponts inutilisables…
La reconstruction du pays sera longue et difficile.

De plus, c’est le pays qui connaissait depuis le XIXe siècle un déficit des naissances assez préoccupant.

Bilan humain de la 1ère Guerre mondiale

D’après le bilan ci-dessus, sur le plan démographique, la France figure parmi les pays les plus touchés (surtout comparée à l‘Allemagne). Sur les 200 000 combattants africains d'AOF et AEF engagés auprès de l’armée française, 15% sont morts pour la France.
D’autre part, la France sort de cette guerre fortement endettée auprès des États-Unis qui ne vont pas tarder à exiger le paiement de cette lourde dette.

Avant cette guerre, la France comptait parmi les nations les plus puissantes d’Europe et du monde.
Auréolée par la révolution de 1789 et ses effets en Europe et dans le monde, la France jouissait d’un respect universel, mais aussi d’une admiration certaine.
Elle était aussi considérée pour son empire colonial qui s’étendait sur les quatre continents et auquel elle fit appel pour l’aider dans cette guerre.

Les combattants africains (faussement appelés), les Tirailleurs Sénégalais, s’étaient rendus en France en masse, avec un dévouement qui surprit beaucoup d’Européens. En effet, considérant la France comme la « Mère Patrie », ils se plièrent à toutes ses demandes de fournitures (en hommes pour combattre et travailleurs pour les besoins de l’industrie de guerre française.

T.W Wilson (1856-1924)

Comment mettre fin à cette guerre ?

Thomas Woodrow Wilson, président des États-Unis (de 1913 à 1921), est à l’origine d’un plan de sortie de guerre. Il a eu l’idée de préparer une rencontre des principaux protagonistes de cette guerre en un lieu, on ne peut plus symbolique, Versailles.
Il a envoyé une lettre à toutes les nations ayant pris part à ce conflit, pour leur demander de lui adresser leur but de guerre. Il a commencé par leur envoyer le but de guerre de son pays.

 

  1. Renoncent à la diplomatie secrète
  2. Assurent la liberté des communications maritimes
  3. Renoncent aux barrières économiques (prône la coopération entre états pour réduire conflits
  4. Des garanties adéquates à donner et à prendre afin que les armements nationaux soient réduits au plus petit point possible compatible avec la sécurité intérieure.
  5. Rééquilibrent les empires coloniaux
  6. Les Allemands évacuent les territoires russes qu'ils occupent depuis la fin de 1917
  7. Les Allemands évacuent la Belgique
  8. Les Allemands évacuent les régions qu'ils occupent en France et restituent l'Alsace –Lorraine.
  9. Les frontières italiennes, en particulier dans les Alpes sont rectifiées afin de correspondre au peuplement des régions concernées (surtout aux dépens de l'Autriche)
  10. Les différents peuples non-autrichiens ou hongrois rassemblés dans l'empire d'Autriche-Hongrie deviennent plus autonomes
  11. Les Autrichiens, les Allemands et les Bulgares évacuent les territoires qu'ils occupent en Roumanie, en Serbie et au Monténégro. La Serbie disposera d'un accès à la mer Adriatique.
  12. Les peuples non-turcs de l'empire ottoman deviennent plus autonomes. Le libre passage des détroits turcs du Bosphore et des Dardanelles est garanti
  13. La Pologne est recréée et doit disposer d'un accès à la mer Baltique.
  14. Les vainqueurs créeront une Société des Nation (SDN), organisation internationale chargée de maintenir la paix dans le monde en arbitrant les conflits entre États.

But de guerre des États-Unis en 14 points présenté par Wilson

La date et le lieu de la conférence ont été fixés au 18 janvier 1919 à Paris afin de préparer la signature d’un traité de paix : le traité de Versailles.
Bien que la conférence soit présidée par Clemenceau, c’est le président des États-Unis, Wilson, qui joua le rôle le plus important et prit les décisions majeures.

L’Allemagne s’opposa vivement au traité signé qu’il qualifia de Diktat.

La plupart de ces 14 points aboutirent à une transformation mondiale importante avec la création de la Société des Nations (SDN), (devenue l’Organisation des Nations unies (ONU) après la 2e Guerre mondiale)), dont l’objectif était la discussion libre des problèmes du monde afin d’aboutir à un règlement pacifique des désaccords entre nations, pour éviter la guerre.

Par ailleurs le traité aboutit à une transformation quasi complète de la carte de l’Europe.
La France récupère l’Alsace-Lorraine même si toutes ses demandes ne sont pas satisfaites.
L’Allemagne a perdu beaucoup de territoires parce qu’elle est considérée comme la seule responsable de cette guerre. De plus elle est condamnée à payer de lourdes réparations. Elle trouve ce traité injuste.

Europe avant 1ère Guerre mondiale

 

Une nouvelle carte de l’Europe

Comme pour la France, la 1ère Guerre mondiale a eu des conséquences très importantes sur l’ensemble de l’Europe.

Les grands empires sont démantelés : empire allemand, Autriche-Hongrie, empire ottoman, empire russe (la Révolution russe déclenchée en 1917 continue pour devenir l’Union Soviétique) et sur les dépouilles de ces grands « empires centraux », de nouveaux États apparaissent : Tchécoslovaquie, Hongrie, Pologne…

Globalement l’Europe divisée est affaiblie au lendemain de la  Première Guerre  mondiale.

 

La nouvelle carte de l’Europe après la 1ère Guerre mondiale

 

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7 novembre 2021 7 07 /11 /novembre /2021 09:31

 

 

AVANT L’ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE 1918
LA FRANCE

 

 

Pour la première fois dans l’Histoire, une Guerre mondiale !

 

 

Une Guerre  mondiale et une guerre totale : c’est une guerre qui occupe le quotidien, qui concerne toute la population, mobilise tout dans le pays et tout le monde : hommes, femmes, les bras et les esprits, les cerveaux, les économies…

 

Infirmières françaises au Front, 1914-1918

 

Les femmes dans la guerre, un dévouement et une ardeur sans précédent

Appel aux femmes

 

AUX FEMMES FRANÇAISES,

La Guerre a été déchaînée par l'Allemagne, malgré les efforts de la France, de la Russie et de l'Angleterre pour maintenir la paix.
         A l'appel de la Patrie, vos pères, vos fils et vos maris se sont~ levés et demain ils auront relevé le défi.
         
Le départ pour l'armée de tous ceux qui peuvent porter les armes laisse les travaux des champs interrompus ; la moisson est inachevée ; le temps des vendanges est proche.
         
Au nom du Gouvernement de la République, au nom de la Nation tout entière groupée derrière lui, je fais appel à votre vaillance, à celle, des enfants que leur âge seul et non leur courage dérobe, au combat.
         
Je vous demande de maintenir l'activité des campagnes, de terminer les récoltes de l'année, de préparer celles de l'année prochaine.
      
Vous ne pouvez pas rendre à la Patrie un plus grand service. Ce n'est pas pour vous, c'est pour elle que je m'adresse à votre cœur.
       
Il faut sauvegarder votre subsistance, l'approvisionnement des populations urbaines et surtout l'approvisionnement de ceux qui défendent à la frontière, avec l'indépendance du pays, la civilisation et le droit.
       
Debout donc, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la Patrie. Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur les champs de bataille, préparez-vous à leur montrer demain la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés !
        Il n'y a pas dans ces heures graves de labeur infime. Tout est grand qui sert le pays. Debout, à l'action, au labeur ! Il y aura demain de la gloire pour tout le monde.

Vive la République ! Vive la France !

 

 

Les femmes répondent massivement à l’appel de la nation

Mobilisation des femmes

 

Pour répondre à l’appel du gouvernement français les femmes sortent et occupent tous les postes de travail jusque-là dévolus principalement aux hommes partis au Front. Elles sont partout : dans les bureaux, dans les champs, dans les usines, particulièrement les usines de guerre, au Front aussi…   (Voir article du blog du 06 janvier 2018, La longue marche des femmes françaises pour l’égalité hommes-femmes (3)).

Tirailleurs montant au front, 1918.

 

L’appel de la France à ses colonies d’Afrique

À l’appel du gouvernement de la France, la première réaction des colonisés français d’Afrique, fut une énorme surprise, car ils avaient toujours cru que la France était invincible, quelque soit l’ennemi.

Le moment de surprise passé, ils se mirent vite en route, après les formalités et les derniers conseils prodigués par les émissaires français.

Ils entrèrent dans la guerre avec enthousiasme et dévouement. Le loyalisme et l’exemplarité de ces combattants africains, de même que la rapidité de leur adaptation en France, puis leur intégration facile dans l’armée, étonnèrent plus d’un en France

Le dévouement exemplaire de ces soldats venus de loin, qui ne fut jamais démenti durant toute la guerre, s’explique sans doute par les belles promesses que les responsables français leur avaient faites.

L’émissaire spécial de Georges Clémenceau leur a maintes  fois promis de la part de ce dernier : « Engagez-vous dans l’armée et vous aurez la citoyenneté française. » ou encore « la fin de l’indigénat (1) après la guerre ».

[Note (1) : Indigénat : ensemble de règlements très répressifs destinés aux seuls indigènes. Au nom de ces règlements l’indigène n’a aucun droit ; il ne peut être jugé selon les lois françaises. Dans le jugement le concernant, on ne tient aucun compte de l’individu, des lois, encore moins de la séparation des pouvoirs. C’est l’arbitraire le plus absolu aux mains du colon, qui permet de traiter l’indigène comme un esclave.]

 

Tirailleurs sénégalais

Les crises  de 1917

En France, l’année 1917 est une  année charnière, un tournant important de la Première Guerre mondiale.

La lassitude des soldats se fait sentir. L’impatience gagne les troupes et le pays tout entier, au Front et à l’arrière (les civils). Partout la même question : quand va-t-on en finir ?

Au Front, les soldats impatients grondent et grognent. Certains s’en prennent à leurs chefs qui « les entrainent à la  boucherie ». Ils n’en peuvent plus. C’est la révolte dans les rangs.

 

Du 152e régiment d'infanterie, 25 mai 1917:

Ça ne va plus, nous devions attaquer ce soir, mais les déserteurs sont trop nombreux et on ne sait s'ils se dirigent chez nous ou chez les Boches qu'ils pourraient renseigner sur les opérations que nous devons faire [...]. Au 152e, une compagnie s'est débinée et d'autres régiments qui sont avec nous ont mis les voiles. Comme ça, la guerre finira, car ce n'est pas rigolo d'aller faire une attaque sur le plateau de Craonne. Ce n'est plus une guerre, c'est un massacre complet. Je te dirai qu'en ce moment, tous les combattants en ont marre de l'existence, il y en a beaucoup qui désertent.  (Cité par G. Pedroncini, Les mutineries de l'armée française, Gallimard, 1968.)

Le mécontentement des soldats

La lassitude se lit sur les visages

 

Dans la tourmente de 1917, le président du Conseil, Georges Clemenceau, rend visite aux soldats dans les tranchées pour les soutenir.

Pendant cette même année 1917, se développe l’expression significative : « le bourrage de crâne » : des propagandes mensongères parues dans certains journaux destinées à masquer les réalités de l’armée française au Front.

 

«L'inefficacité des projectiles ennemis est l'objet de tous les commentaires. Les shrapnells éclatent mollement et tombent en pluie inoffensive. Quant aux balles allemandes, elles ne sont pas dangereuses : elles traversent les chairs de part en part sans faire aucune déchirure. » (L’Intransigeant, août 1914)

Exemple de bourrage de crâne

Causes et manifestations des crises de 1917

« La cause fondamentale des troubles est la lassitude d’un interminable conflit. Elle atteint les soldats durement éprouvés par la guerre des tranchées. Elle touche à l’arrière des populations atteintes par les effets du blocus ou de la guerre sous-marine. Il faut rationner les produits alimentaires, de même que le charbon réservé aux industries de guerre. L’impasse militaire et la détérioration de la situation sociale font douter de l’utilité de poursuivre le conflit… » Tous les belligérants connaissent en 1917 des moments d’indiscipline militaire.

Ces secousses de l’armée atteignent également les troupes des colonies engagées dans le conflit.

Les secousses de cette année 1917 ont des répercussions dans maints domaines, y compris dans le gouvernement général de l’AOF, peu de temps après l’arrivée à la tête de l’importante « Afrique Occidentale Française » du jeune et brillant Van Vollenhoven.

Depuis sa nomination comme gouverneur général de l’AOF, van Vollenhoven n’a cessé d’adresser des rapports au gouvernement français sur « l’état de misère » des autochtones, le mettant en garde contre la méthode brutale des recruteurs envoyés en Afrique, précisément en 1917. N’ayant pas été écouté, il démissionne de son poste et demande son retour dans l’armée ce qu’on lui accorde. Mortellement blessé, il meurt, à 40 ans ! (Voir article du blog du 31 octobre 2021, JOOST VAN VOLLENHOVEN, UN COLONIAL BRILLANT ET HUMANISTE).

Soldats de l’armée française (Le Petit Journal, 1919)

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4 avril 2021 7 04 /04 /avril /2021 07:45

 

Guerre de l’eau, pour aujourd’hui ou pour demain ?

 

 

Le réchauffement climatique constitue une réalité tangible de nos jours : assèchement des cours d’eau, des lacs… en certaines régions du monde. Ce sont autant de signaux qui alertent sur ce qu’il convient d’appeler le « problème de l’eau » : causes, conséquences, remèdes…, tel que nous le révèle l’article suivant.

Un article écrit en 2013 par Isaac Diakité, et paru dans Revue Défense Nationale.

 

« Guerre de l’eau, pour aujourd’hui ou pour demain ?

Les tensions pour le contrôle de l’or bleu sont exacerbées. L’enjeu est planétaire. La plus terrible des guerres serait en train de se préparer.

« Qu’est-ce que vous prendrez ? » « Un verre d’eau, s’il vous plait ! ». Peut-on faire plus classique à la terrasse d’un café ? Et pourtant, ce geste si naturel de boire un verre d’eau pourrait devenir une rareté, un luxe. Science-fiction ? Paranoïa ? Mauvais remake de l’Apocalypse ? Non !

Depuis de nombreuses années la sonnette d’alarme a été tirée par de nombreux scientifiques et journalistes : la guerre de l’eau serait imminente. L’eau, l’élément le plus abondant sur Terre, viendrait à manquer. On pourrait penser à un canular si l’actualité ne nous ramenait à une réalité bien concrète. Au XXe siècle, la population mondiale a triplé pendant que la consommation d’eau a été multipliée par six ! Les êtres humains utilisent l’eau pour boire, faire la cuisine se laver, nettoyer, et… arroser le jardin familial !

Cette utilisation domestique de l’eau, bien qu’essentielle, ne représente cependant qu’une petite partie de la consommation totale. Plus précisément, l’eau que l’on boit ne correspond qu’à 1% de l’eau consommée par l’homme mais alimente la quasi-totalité des discours sur l’eau. C’est normal, puisqu’il en va de notre vie ! Mais à l’échelle mondiale, relevons que l’agriculture, à elle seule, pèse pour plus de 70% dans la consommation d’eau douce.

Cette eau douce si précieuse ne constitue, sous sa forme facilement accessible, que 0,025% des réserves d’eau sur Terre. Si l’on rajoute que 9 pays se partagent 60% des ressources et que près d’un milliard d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable, les bases d’un enjeu stratégique se dessinent. Au cœur de la problématique, on trouve les tensions actuelles autour du contrôle de l’eau, les défis hérités de l’accès, mais aussi le commerce de l’eau douce et potable. Une vision optimiste permet d’affirmer que des solutions à mettre en œuvre rapidement sont envisageables.

La domination de ceux qui maîtrisent l’eau.

Les tensions internationales et les conflits liés au partage de l’eau ne sont pas nouveaux. Aujourd’hui l’on compte 286 traités pour 61 des 200 bassins hydrographiques répertoriés. Mais il existe très peu d’accords sur les eaux souterraines. L’eau, à la fois enjeu de sécurité et passage obligé du développement est une arme redoutable qui cristallise de nombreux conflits. Le partage et la gestion des fleuves internationaux sont au cœur du problème. Les barrages, le pompage pour l’irrigation, la pollution industrielle, tout a un impact sur le débit et la qualité des eaux. Toute action en amont a des répercussions en aval.

Au Proche-Orient, on constate une suprématie d’Israël et de la Turquie qui possèdent des moyens de pressions économiques et politiques sur leurs voisins. L’Euphrate est le sujet de fortes discordes entre la Turquie d’un côté et la Syrie et l’Irak de l’autre. Ankara utilise le fleuve comme un moyen de pression politique. Tant que la Syrie soutient le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), les Turcs refusent de discuter d’une possible augmentation du débit en aval. La Turquie est non-signataire de la convention des Nations Unies de 1997 (sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation). Ses deux voisins n’ont donc aucun recours. Dans la vallée du Jourdain, selon Amnesty International, Israël utiliserait pour sa consommation 80% de l’eau disponible. Les Palestiniens se partageraient les 20% restants et 200000 d’entre eux n’auraient pas accès à l’eau courante. Dans la vallée du Nil, l’Egypte et le Soudan revendiquent des droits historiques sur les ressources du fleuve. Les pays voisins désireux d’accéder au développement contestent ce droit. Parmi ces pays, l’Ethiopie contrôle les sources du Nil bleu qui représente 85% du débit du fleuve que l’on retrouve au Caire. C’est un levier de pression non négligeable  comme l’actualité vient de le rappeler.

 

Les hommes et l’eau, une histoire depuis le commencement

La répartition de la population mondiale est contrastée. Les fortes densités se concentrent sur quelques grands foyers de peuplement, berceaux des plus grandes civilisations humaines. L’Asie abrite la majorité de la population de la planète dans deux foyers principaux : l’Asie de l’Est, dont la Chine, et l’Asie du Sud, dont l’Inde. L’Europe est le troisième grand foyer. Les régions surpeuplées se concentrent au bord de la mer et des grands fleuves. L’eau a toujours été une ressource essentielle au développement des sociétés humaines et  à leurs activités. Les  hommes se sont de tout temps installés au bord des cours d’eau comme l’atteste l’implantation historique de la très grande majorité des centres urbains actuels.

Dans la région fertile du Tigre et de l’Euphrate, les premières traces d’occupation humaine remonte au XIe millénaire avant J.C. cette région a été le berceau de l’agriculture, des villes et de grandes civilisations : sumérienne, akkadienne, assyrienne, arabo-musulmane. Leur essor en Mésopotamie est le résultat d’une appropriation rapide des réserves en eau, vitale dans la région : des systèmes d’irrigation élaborés sont créés dès le VIe millénaire avant J.C. très vite les hommes se regroupent en agglomérations, premières formes de communautés humaines organisées.

Un produit commercial qui rapporte.

Avec l’entrée dans l’ère moderne, on assiste à un phénomène de marchandisation des ressources aquifères. Ainsi, des pays en développement d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine, vendent-ils leurs terres riches en eau à d’autres pays ou à des entreprises commerciales. A la surconsommation des réserves s’ajoute un accaparement des ressources qui conduit ces pays à un « suicide hydrologique ».

Le cercle vicieux s’enclenche alors : diminution des ressources, diminution des revenus et donc augmentation des ventes ou locations de terres.  Et à nouveau, diminution des ressources ! Pour mieux comprendre les enjeux économiques derrière l’exploitation de l’eau, il faut se rappeler que quatre entreprises multinationales privées se partagent la majeure partie du marché privatisé de distribution de l’eau dans le monde. Sans oublier les multinationales de l’agro-alimentaire qui ont créé et imposé un marché lucratif, celui de l’eau en bouteille. Les estimations de croissances fixent à environ 10 milliards la population mondiale à la fin de ce siècle. Les besoins en nourriture et donc en élevage et en agriculture vont exploser, et avec eux la consommation d’eau. Peut-on encore sortir de cette spirale ? La guerre est-elle inévitable ?

Tout n’est pas perdu.

Des solutions sont heureusement possibles. Il y a tout d’abord une intensification des traités internationaux sur l’eau. La convention d’Helsinki en 1992 puis celle de New York en 1997 ont fixé des cadres réglementaires sur l’utilisation des ressources naturelles en eau. Certains tenants de la « diplomatie de l'eau », comme par exemple la récente Académie de Norvège, estiment que l'eau peut être un moyen de limiter et de réduire les litiges. Il faut pour cela que la concertation soit relayée au niveau international. Ils remarquent, à l'appui de leur thèse et comme le démontrent les études du géographe américain Aaron Wolf, qu'aucune guerre de l'eau n'a jamais éclaté dans l'histoire… jusqu’à présent ! Pourquoi ne pas envisager une agence supranationale de la gestion de l’eau ? Cette agence pourrait dépendre directement des Nations Unies et être à l’origine d’un ensemble de traités sur la fourniture et les échanges en eau. Elle serait aussi responsable de leur application en toute circonstance. Pourquoi pas des Casques Bleus de l’eau ?

Les plus alarmistes prévoient des guerres terribles pour le contrôle de l’or bleu. Ces thèses se fondent sur un développement de l’humanité telle qu’elle est aujourd’hui. Mais des changements technologiques, politiques et sociaux sont possibles. On pense en premier lieu à l’exploitation de cette ressource inépuisable qu’est l’eau de mer, mais les processus de désalinisation sont gourmands en énergie. Coûteux, ils sont réservés à des pays riches comme les pays du golfe Arabo-persique. Les progrès scientifiques permettent d’accroitre la productivité hydrique (micro-irrigation, OGM, dépollution). Des réflexions sur la pertinence de l’autosuffisance alimentaire sont en cours. Les pays pourraient abandonner certaines productions consommatrices d’eau pour se spécialiser dans des cultures plus adaptées à leurs ressources hydriques. Il y aurait ainsi une modification des échanges mondiaux et un nouvel équilibre. Sur le plan social, les populations pourraient accepter plus facilement la construction de grandes retenues d’eau malgré leurs impacts géographique et écologique. Ces retenues serviraient alors de réservoirs d’eau douce. De même, pourquoi ces mouvements végétariens qui veulent changer les habitudes alimentaires en abandonnant la viande grande consommatrice d’eau, ne deviendraient-ils pas majoritaires dans un siècle ?

L’enjeu géopolitique majeur de demain.

Quoi qu’il en soit, que ce soit en tant que source de conflits et de guerres ou comme élément d’un nouvel ordre de stabilité mondiale, l’eau sera assurément un enjeu géopolitique majeur de ce nouveau siècle, comme elle l’a déjà été, sous d’autres formes, par le passé. En regardant l’histoire et la situation géopolitique actuelle, il est plus aisé d’imaginer des « conflits de l’eau » de basse intensité, plutôt guerre civile que guerres interétatiques. On ne peut toutefois pas écarter cette possibilité car jamais au cours de l’histoire la population n’a été aussi importante et la consommation d’eau aussi élevée. Il faut cependant garder à l’esprit que l’eau, contrairement au pétrole, est un élément qui se renouvelle. Les problèmes ne viennent donc pas vraiment de la quantité d’eau disponible sur Terre, mais bien de sa répartition. Tout va donc dépendre des choix politiques et des stratégies adoptées dans le futur. Si la guerre de l’eau n’est pas pour aujourd’hui ni pour demain, elle pourrait très bien être pour après-demain si rien n’est fait pour une distribution équitable. Il ne peut y avoir de paix sans répartition des eaux mais il ne peut y avoir de solution au problème de l’eau sans la paix.

Tout comme le pétrole n’était pas un souci dans les années 1960, l’eau et ses problématiques qui ne sont qu’un élément des relations internationales actuelles, vont devenir un enjeu de plus en plus central de la géopolitique, notamment régionale.

Pendant le temps qu’il vous a fallu pour lire cet article, John l’Américain a utilisé presque 3 litres d’eau tandis que Kabibi l’Africaine a parcouru à peine 400 mètres sur les 6 kilomètres qu’elle effectue chaque jour pour rapporter de l’eau ! »  (Isaac Diakité, 2013)

 

 

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 09:49

AIDE INTERNATIONALE AU DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE : 1960-2018

Qui aide ? Comment ? Pourquoi ?

Avant-propos

Depuis 5 siècles, depuis le 16e siècle plus précisément, l’Afrique a perdu la maîtrise de son destin, entrant ainsi dans l’ombre de l’Histoire.

Qui d’autre qu’elle-même pour en sortir ?

 

Si des nations, de part le monde, lui proposent leur concours bienveillant, une main secourable, elle n’a, a priori, aucune raison objective de refuser cette main. Cependant l’Afrique doit être consciente que le développement ne se niche guère au milieu des masses de billets de banque provenant de l’extérieur, encore moins dans des modèles de développement préfabriqués, clés en main, mais dans les cerveaux, et surtout dans la volonté, la détermination affirmée de sortir du trou du sous-développement.

(Source : dessins pour les Droits de l’Homme, Pièm, Le Cherche Midi Éditeur)

Comment en est-on arrivé là ?

      Les réalités de l’indépendance

Et pourtant, l’Afrique dans son ensemble, a le privilège insigne de faire partie de ces régions de la planète dotées de ressources naturelles et humaines considérables de nature à lui assurer les moyens d’un développement endogène, sans apport de l’extérieur, ou, tout au moins, sans dépendance continue de l’aide internationale.

Comment ce paradoxe africain se justifie-t-il ?

Les anciennes colonies européennes d’Afrique sont allées à l’indépendance dans les années 1960, sans plan de développement, ni même la conscience du développement. Les slogans forgés par les premiers leaders politiques durant la période de domination coloniale, principalement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, réclamant l’indépendance à grand renfort de bruit, ont éclipsé la nécessaire réflexion sur l’organisation du pays : politique, économique, sociale… Bref, ces leaders ont oublié l’essentiel : le prix et les promesses de l’indépendance.

 

Et l’ancien colonisateur ?

      La main tendue aux anciens colonisés ?

Les anciennes puissances coloniales ayant lâché leurs colonies à regret, la plupart pour obéir au vent de l’Histoire et se mettre dans son sens, n’ont pas été d’un grand secours. Certaines ont même tenté de leur enfoncer la tête sous l’eau pour se venger de l’audace de ceux qui se sont lancés dans « cette aventure insensée », et leur prouver que sans l’ancien colonisateur il n’y a point de salut. D’autres se sont résignés : «  Ah ! Nous avons perdu nos belles colonies ! », se lamentent quelques nostalgiques.

Ce fut la bouderie de la plupart des Occidentaux qui eurent l’ingéniosité de contribuer à mettre à la tête de ces nouveaux États indépendants, des régimes ou des chefs investis de la mission de sauvegarder les intérêts de l’ancienne puissance, parfois contre ceux de leurs concitoyens et ceux du pays. Cette « stratégie » permettait à cette dernière, de continuer à dominer et exploiter ses colonies comme par le passé (et sans les obligations de les entretenir). Mais les nouveaux émancipés furent, eux, portés par un autre vent, soufflant de l’Est.

Le bloc de l’Est leur tendit la main, mais, sans assouvir la faim de développement. Et les Occidentaux, eux, exigeaient désormais le prix fort pour toute aide.

 

Abandonnés par l’Ouest, déçus par l’Est ?

Pourvus par l’Ouest de machines rouillées et de plans de développement inadaptés, d’équipements tout aussi inadaptés en provenance de l’Est (l’épisode des chasse-neige en pays tropicaux n’est pas foncièrement une fable), les nouveaux dirigeants ne sont toujours pas conscients de la nécessité, ni de l’urgence de forger une politique autonome de développement. Ballottés entre Est et Ouest, ils se sont reposés sur l’aide extérieure, bénéficiant artificiellement de l’antagonisme entre les deux blocs : Est et Ouest, et perdant de ce fait le contact avec leurs réalités propres. Les nouveaux États africains ont tiré ainsi de la guerre froide une rente qu’ils croyaient inépuisable et garantie sans limite, mais dont ils furent victimes à moyen et long terme.

 

L’Afrique chinoise

L’abandon par l’Ouest et la déception par l’Est entraînèrent l’entrée triomphale des Chinois sur le continent dès la fin des années 1970. Ces derniers adoptèrent à l’égard des responsables africains, « la diplomatie du chéquier », laquelle se révéla d’une efficacité redoutable. Leur influence grandissant d’année en année, ils s’implantent de plus en plus, au point de déloger méthodiquement les anciens partenaires du continent de leur chasse gardée.

(La Croix, 2 février 2018)

Désamour Chine-Afrique ?

      Qui pour construire le présent et l’avenir de l’Afrique ?

L’école !

100 à 120 élèves par classe !

Ces chiffres, effectifs moyens par classe dans la plupart des écoles du continent, sont révélateurs de la place de l’éducation dans les priorités nationales. Rares sont les pays où l’école est considérée par les dirigeants comme prioritaire dans les projets de développement. C’est une des raisons pour lesquelles l’Afrique ne progresse pas, car l’école et l’éducation ne sont-elles pas moteur de développement ?

En Afrique, le défi de l’éducation

« Tout le monde s'accorde sur l'urgence de mieux instruire les enfants de ce monde. De la prix Nobel de la paix Malala Yousafzai, au chanteur Bono, cofondateur de l'ONG One, du président français Emmanuel Macron à son hôte du jour et homologue sénégalais Macky Sall. Reste à définir comment arriver à scolariser les 264 millions d'enfants qui ne le sont pas ; comment atteindre l'ambition des États membres des Nations unies de fournir avant 2030 un enseignement primaire et secondaire gratuit à tous ; comment dispenser une éducation de qualité qui développe l'intelligence du monde.

Aujourd'hui, à Dakar, les présidents français et sénégalais participent à la troisième Conférence de reconstitution des fonds du Partenariat mondial pour l'éducation. De nouvelles contributions financières devraient être annoncées. La présidente du Partenariat, l'ancienne première ministre australienne Julia Gillard, appelle à enrayer le déclin de la part de l'éducation dans l'aide publique au développement.

À cette occasion, La Croix donne la parole à trois instituteurs africains, représentatifs de réalités différentes. Ils décrivent la motivation des parents, prouvée par leur investissement financier, les difficultés des enfants pour suivre une éducation de qualité dans de bonnes conditions. »

 

Certains élèves font 7 km à pied pour venir

 

« En creux, ils pointent aussi la faiblesse des États, dans leur appui financier et humain aux élèves et aux enseignants.

 

À l'ONU, en septembre, Emmanuel Macron avait insisté : «  La première des priorités est d'investir dans l'éducation, parce que c'est par l'éducation que nous gagnerons cette bataille contre l'obscurantisme, celle qui est aujourd'hui en train de faire basculer des régions entières, en Afrique comme au Proche et Moyen-Orient. » À Ouagadougou, deux mois plus tard, il avait indiqué qu'il demandait à l'Agence française de développement de soutenir « en priorité les programmes visant à la scolarisation des jeunes filles ». »

Pierre Cochez, La Croix, 2 février 2018.

(La Croix, 2 février 2018)

Le Partenariat mondial pour l'éducation [enfin le bon chemin ? Que n’y a-t-on pensé plus tôt ?]

La conférence de Dakar vise à récolter 2,5 milliards d'euros sur la période 2018-2020.

Les 65 pays associés représentent 80% des  enfants du monde en âge de fréquenter l'école primaire et secondaire et qui ne sont pas scolarisés.

L'Afrique, premier enjeu

60 % des Africains ont moins de 25 ans.

Neuf des dix pays où l'accès des jeunes filles à l'école est le plus faible sont en Afrique.

Sur le continent, 80 % des enfants achèvent le cycle primaire, mais 93 % n'ont pas acquis les compétences de base en lecture.

Des investissements inégaux

Le Sénégal consacre le quart de son budget à l'éducation, mais le Nigeria, seulement 7 %.

(Source idem)

 

L’Europe est de retour à partir des années 1990 avec sa  « démocratie », ses « Droits de l’Homme » (voir le discours de La Baule, du Président Mitterrand en 1990)

      Mais la Chine est désormais le premier partenaire commercial du continent.

      Et l’Afrique est mondialisée.

      Les places sont plus chères désormais

Aujourd’hui, comment aider l’Afrique ? Que faire ? Comment faire ?

Aider l’Afrique pour aider l’Europe, l’Asie, l’Amérique ?

 

L’état actuel de l’Afrique n’est-il pas aussi le reflet – non pas de son insuffisance – mais des limites de l’aide internationale ?

Pourquoi l’aide internationale est-elle inopérante depuis les années 60 ?

Les  raisons essentielles semblent les suivantes :

son inorganisation

ses incohérences

le manque de concertation entre les pourvoyeurs d’aide d’une part, et d’autre part, entre ces derniers et les destinataires de l’aide.

Mais aussi le caractère intéressé de certaines aides (surtout du temps de la Guerre froide) au bénéfice  quasi exclusif du « généreux donateur ».

(source : Afrique Renouveau, Département de l’Information des Nations Unies, décembre 2013)

Aider l’Afrique, c’est aussi aider à protéger le continent de ses prédateurs potentiels de l’extérieur comme de l’intérieur, notamment contre les fuites de capitaux précieux pour le développement.

En effet, « les chiffres sont stupéfiants : entre 1990 et 2009, l’Afrique a perdu entre 1200 et 1400 milliards de dollars, soit à peu près l’équivalent de son produit intérieur brut actuel. Ces chiffres ne sont pourtant qu’une des facettes d’un système extrêmement complexe et dont la longue histoire rarement évoquée sur la place publique, contraste avec ses conséquences désastreuses… l’hémorragie illicite des ressources de l’Afrique représente près de 4 fois sa dette extérieure », selon un rapport conjoint de la Banque Africaine de Développement (BAD), et de Global Financial Integrity (une ONG américaine).

 

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 11:31

eau1LA GUERRE DE L'EAU, POUR AUJOURD'HUI OU POUR DEMAIN ?

 

Un article très intéressant concernant les problèmes de l'eau, écrit par Isaac Diakité. Une analyse fine,  facile à lire et à comprendre.

Pour accéder à l'article cliquer sur le lien ci-dessous :

 http://www.calameo.com/read/0005581159214c3859bd1

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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 11:50

A la conquête du gâteau africain

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Inde

 

Le Premier ministre indien Manmohan Singh, lors de son arrivée à Addis-Abeba, la capitale de l'Ethiopie, pour le 2e sommet Inde-Afrique (23 mai 2011). (ASISH MAITRA/ AFP)

 

bouton 007Un phénomène à la fois nouveau et digne d'attention s'observe en ce début de XXIe siècle: l'intérêt soudain de la Chine et de l'Inde pour le continent africain. Les deux géants d'Asie veulent prendre leur part du gâteau africain.

bouton 007C'est à qui arrivera la première, occupera l'espace le plus vaste, captera les marchés les plus lucratifs, et profitera au maximum des ressources naturelles du continent.

bouton 007Au XIXe siècle, les principales nations européennes s'étaient adonnées à la même course mais plus ostensiblement sans doute. Aujourd'hui, ce sont de nouveaux compétiteurs qui prennent leurs marques dans les starting-blocks, avec toujours l'Afrique, ce nouvel eldorado pour horizon : Chine, Inde, Brésil, Etat-Unis...

bouton 007Il faut croire que ce gâteau est particulièrement gros, précieux et alléchant, puisqu'on ne cesse de le convoiter et de vouloir se le partager depuis le XIXe siècle (Berlin, 1885, partage de l'Afrique entre autres partages du même continent).

bouton 007La Chine semble à ce jour, avoir sur les compétiteurs nouveaux et anciens une avance certaine. Son cas est unique. Jamais dans l'histoire, un pays n'a investi tout un continent avec autant de facilité dans un délai aussi bref. En effet, entre 2000 et 2010, les Chinois ont essaimé sur le continent, y sont partout, et font tout, partout. Cela commença par un sommet historique, lui aussi unique dans les annales des relations entre l'Afrique et les autres continents. Le sommet Chine-Afrique du 4 au 6 novembre 2006 fut à cet égard un événement fondateur. Jamais un pays auparavant n'avait réuni autant de hauts dignitaires africains sur son sol (48 chefs d'Etat et de gouvernement sur 53).

bouton 007De ce sommet date sans doute le basculement d'un ordre établi des décennies durant dans les rapports entre l'Afrique et le reste du monde. Cependant, cet événement mémorable passa inaperçu en Europe. Les médias l'ignorèrent. Pourtant, par ses effets, il condamnait les anciens partenaires du continent, en tête desquels la France, soit à un retrait contraint, soit à une politique défensive vis-à-vis de la Chine plus que jamais déterminée à occuper la place.

bouton 007Pékin déploie à cette fin des arguments multiples, parmi lesquels  la communauté de destin : "Nous sommes, vous Africains et nous Chinois, des opprimés, des exploités, des humiliés de la colonisation européenne. Unissons-nous à jamais pour être forts, politiquement, économiquement. Nous avons besoin les uns des autres." L'histoire est ainsi appelée à apporter sa contribution.

bouton 007La Chine et l'Inde se battent à coups d'arguments historiques pour affirmer leurs droits légitimes au gâteau africain. La première finance depuis quelques années des recherches sur la côte orientale du continent à la recherche d'épaves de navires datant des XIVe et XVe siècles censées apporter la preuve matérielle de l'antériorité de ses relations avec l'Afrique, depuis les voyages du célèbre amiral Zheng He, le Christophe Colomb chinois, qui, selon l'histoire officielle, longea les côtes africaines au profit de son empereur Yongle de la dynastie Ming, bien avant les navigateurs européens, Bartolomé Diaz et Vasco de Gama.

bouton 007L'Inde, à son tour, commença par un sommet Inde-Afrique (2008), qui, lui aussi, se veut historique et chargé de promesses pour le futur des deux régions, lesquelles  connurent le même sort, dominées et colonisées par les Européens. Là aussi, l'histoire est prise à témoin, en la personne de Gandhi, le Mahatma ayant vécu plus de 20 ans en Afrique du Sud.

bouton 007Si la Chine, lors du sommet de 2006  promit d'effacer une bonne partie de la dette des Etats africains, de multiplier les échanges (portant leur volume de 40 milliards d'euros en 2006 à 100 milliards en 2010), l'Inde annonce pour sa part, 3,5 milliards d'euros de prêt au continent. Mais surtout, elle souhaite se démarquer de la Chine en matière d'offre à l'Afrique et "mise sur la formation, le développement agricole, le transfert de compétences et de technologies"(Ouest-France, 27/05/2011) Encore faut-il qu'il y ait en Afrique un terrain propice à la captation et la fécondation de ces compétences !

bouton 007Que gagne l'Afrique dans cette nouvelle mêlée sur ses terres ?

Beaucoup. Si l'Afrique a la conscience suffisamment éveillée pour faire le tri entre l'imposture et la volonté d'aider à promouvoir le véritable développement, celui qui permet à l'Afrique de se passer de l'aide extérieure. Ce développement n'est pas qu'économique, c'est le développement intégral. Elle gagne sûrement à multiplier les partenaires et les expériences qui permettent de s'ouvrir et s'enrichir au contact d'autres.

bouton 007En revanche elle perd tout si elle assiste passive, à l'action de ces nouveaux venus, surtout si les dirigeants africains sous-traitent leurs responsabilités aux Chinois, aux Indiens ou à d'autres et que les Africains s'amusent pendant que les Chinois ou les Indiens travaillent . Si l'Afrique n'est pas capable de volonté et de lucidité, elle fera sûrement face à un ouragan dévastateur.

bouton 007Il convient d'avoir à l'esprit ce précepte du roi des Belges, Léopold II, en 1877 :

bouton 007bouton 007"Nous devons être à la fois prudents, habiles et prompts à agir afin de nous procurer une part de ce magnifique gâteau africain."

bouton 007Certains semblent l'avoir entendu et commencent à l'appliquer en Afrique.Prudents, ils le sont. Habiles ils le sont également. Prudents et habiles, mais, surtout intéressés.

bouton 007Mais les Africains eux-mêmes seront-ils assez prudents, habiles et vigilants  pour préserver leur magnifique gâteau ?

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 15:03

110 F 9391596 Yy5W6ZQBTpQo2rr313VvC24fxCW5Li8jPropos d'amis


Faut-il intervenir dans les mouvements du monde arabe ?

 

 

fleche 026Michel - Que penses-tu de l'intervention des Occidentaux en Libye ? De la condamnation des chefs d'Etat des pays qui connaissent les mêmes mouvements de révolte ?

 fleche 026Tid - Je suis ces mouvements avec intérêt et espoir.

~Intérêt, car la révolte d'un peuple asservi des décennies durant, au nom de la liberté et de la justice, est toujours un événement exaltant. C'est l'histoire en marche.

~Espoir, parce qu'il s'agit de mouvements nés de l'intérieur, qui ne sont ni inspirés, ni téléguidés, et qui s'articulent autour des mots liberté, justice, démocratie. Qui l'eût cru, s'agissant de pays arabes, où le peuple est généralement présenté comme résigné, soumis, emmuré dans un fatalisme immuable ?

fleche 026Michel - Certes, ces mouvements sont nés de la seule volonté de ces peuples. Mais les Occidentaux qui accourent sont-ils désintéressés ?

fleche 026Tid - Ils viennent d'abord en aide à ceux qui font appel à eux ; même si un peuple déterminé à conquérir sa liberté et ses droits n'y renonce pas, quelle que soit la difficulté rencontrée.

Le reproche qui est fait à ceux qui apportent leur concours ou le soupçon qu'on nourrit à leur égard, n'est pas nouveau dans l'histoire. Il fut largement entendu et diffusé au 18e et début 19e siècle, notamment au sujet  de la croisade menée par les Anglais pour  l'abolition de l'esclavage et l'interdiction de la traite atlantique. Première nation à prendre la tête de cette croisade, la Grande-Bretagne suscita soupçons, réprobation et ferme condamnation d'un nombre important d'Etats européens parmi lesquels la France.

 Dans cette France d'alors, largement anglophobe (et pour cause !), le mouvement abolitionniste dont les Anglais prirent la tête fut accusé de "servir la perfide Albion", l'ennemi de toujours, et dénoncé comme "l'apport anglo-protestant à la subversion révolutionnaire en Europe, et instrument nocif de la comédie philanthropique".

Les autres puissances européennes accusèrent surtout l'Angleterre d'hypocrisie, de vouloir ruiner le commerce de ses rivaux et saper leur économie en s'attaquant à la richesse de leurs colonies d'Amérique (fondée sur le travail servile), surtout, de vouloir consolider sa suprématie sur les mers.

Cependant, face à la détermination des Britanniques, alors seuls gendarmes des mers, les principales nations d'Europe, la France en tête, finirent par les rejoindre pour traquer les navires transportant des esclaves vers l'Amérique.

C'est de cette croisade, devenue internationale à partir de la seconde moitié du 19e siècle, que naquit un droit international abolitionniste qui, pour la première fois, invoqua la notion de "guerre juste" au motif de la nécessité de défense des individus et de leurs droits. Selon cette théorie "les violateurs de droits des individus peuvent être châtiés" (voir Monique Chemillier-Gendrau, Humanité et Souveraineté, essai sur la notion de droit international).

Et c'est précisément de là qu'émergea le "droit humanitaire d'intervention", aujourd'hui "droit d'ingérence humanitaire". Des tribunaux baptisés "cour de justice" furent spécialement créés, avec trois sièges principaux : Afrique (Sierra Leone), Amérique (Brésil), Europe (Portugal), chaque siège comprenant un juge et un commissaire de chaque nationalité ainsi qu'un secrétaire général nommé conjointement.

Par ailleurs, les révolutions des 18 et 19e siècles, aux Etats-Unis et en Europe, eurent pour effet principal d'ancrer le concept de "droits de l'Homme" dans les esprits, concept inspiré de valeurs chrétiennes dont celle de "fraternité humaine". "Dieu n'a-t-il pas créé les hommes égaux et libres ?"

Cette idée chrétienne se maria harmonieusement à l'idéologie républicaine, laquelle incluait également l'affirmation du droit au bonheur de tout être humain, autre idée force des philosophes des Lumières. L'universalisme républicain rencontrait  l'universalisme chrétien. Il est ainsi dans l'histoire de ces rencontres fortuites et curieuses. Ainsi, le Comité pour l'abolition de l'esclavage mis en place en France par la 2e République, en 1848, comptait parmi ses membres des anticléricaux virulents, tel son président Victor Schoelcher qui a fait de l'abolition le combat de sa vie.

fleche 026Michel - Le rapprochement est singulier en effet, de l'esclavage au droit d'ingérence moderne.

fleche 026Tid - En effet, il est des cheminements imprévus de l'histoire.

L'essentiel pour les peuples arabes aujourd'hui en quête de dignité est qu'aucune puissance extérieure ne confisque leur lutte et que l'aide qui leur est apportée ne puisse en aucune manière signifier allégeance.

fleche 026Michel - Et l'Afrique subsaharienne ? Penses-tu qu'elle emboîtera le pas au monde arabe, les situations étant quasiment identiques : la mauvaise gouvernance et les maux qu'elle engendre ?

fleche 026Tid - Dans l'histoire, la lutte contre la tyrannie et pour la liberté, est contagieuse. Cela étant, ce sera sans doute plus lent et plus difficile dans cette partie de l'Afrique.

fleche 026Michel - Pourquoi ?

fleche 026Tid - Parce que dans les pays qui la composent, les structures socioculturelles sont autres. On croit aux sorciers et les morts gouvernent les vivants.

fleche 026Michel - C'est à dire ?

fleche 026Tid - C'est à dire qu'on est plus crédule, plus influençable. Par ailleurs, le niveau d'éducation y est moindre.

Si l'aspiration à la liberté est inhérente à la nature humaine, avec 80% d'analphabètes en moyenne, le chemin pour y accéder apparaît autrement plus ardu.

Mais il n'y a là aucune fatalité. L'Histoire suivra inéluctablement son cours.

1525R-140767

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