LOUIS XIV ET L’AFRIQUE NOIRE
11 avril 2013 :
parution du livre
Louis XIV et l’Afrique noire
(Arléa)
PRESENTATION
Louis l’Africain ?
Ce titre est loin d’être usurpé, tant Louis XIV s’impliqua personnellement, son règne durant, dans les moindres détails des rapports existant entre le royaume de France et l’Afrique noire, mais aussi dans les relations personnelles empreintes à la fois de délicatesse et de rudesse, nouées avec les souverains de la côte africaine.
Portrait de Louis XIV
Louis XIV fut de tous les rois de France et d’Europe celui qui eut les rapports les plus étroits avec l’Afrique noire et ses rois, de tous, celui qui entretint la correspondance la plus fournie et la plus suivie avec ces mêmes souverains, qui dépêcha auprès d’eux le plus d’émissaires et de chargés de mission. Bref, des relations de roi à rois étonnantes par bien des aspects.
Cette attention constante, cet attachement au continent noir se traduisait concrètement par la présence d’Africains à la cour du Roi-Soleil, d’ambassadeurs et de fils de rois dont certains furent élevés à la cour, baptisés par ses soins. Certains parmi eux servirent comme capitaines dans des régiments du roi qu’ils commandèrent. D’autres prirent le nom de « Louis » en hommage à l’illustre souverain et en reconnaissance de sa sollicitude à leur égard.
Mathéo, ambassadeur africain à Paris, 1670
Mais pourquoi l’Afrique noire ?
Ce lien à l’Afrique s’explique en grande partie par le contexte économique du XVIIe siècle mais aussi par le rapport de force entre les grandes puissances européennes durant ce siècle. L’attachement de Louis XIV à l’Afrique n’était pas que pure philanthropie. Il ne peut s’expliquer sans ce double contexte économique et politique.
Mais pourquoi Louis XIV croit-il trouver en Afrique les moyens d’assurer son hégémonie en Europe et dans le monde ?
Qu’attendait-il de l’Afrique noire ?
Qu’attendaient les rois africains du roi de France ?
Ces relations créées par Louis XIV avec l’Afrique noire sont bel et bien un des aspects méconnus, oubliés, sinon jusque-là vierges de toute investigation. Elles révèlent cependant un pan entier de l’histoire de France, non des moins riches. Elles étonnent par leur force, surtout, par leur impact sur le continent africain tout entier et leurs conséquences durables.
Louis XIV est celui qui, le premier, posa les fondations de l’Afrique occidentale française (AOF). De tous les rois de France, c’est celui qui ouvrit le plus largement les portes de l’Afrique aux Français. Il nourrit, pour ce continent, une ambition à la mesure du personnage : faire de l’Afrique noire une terre catholique, ce qui, dans sa vision, passait par la conversion de ses souverains.
Cette ambition fut-elle couronnée de succès ?
Louis XIV et l’Afrique noire, c’est aussi le regard porté par les sujets du Grand-Roi sur l’Afrique, sur les Africains et leurs souverains, et, réciproquement, les Français dans le regard des Africains.
Pour les Africains du temps du Roi-Soleil, l’Europe, c’était la France, et Louis XIV, le plus grand des monarques du monde. Tel roi de la côte le qualifie de « plus grand Empereur de l’Univers » dans sa lettre au roi de France.
La vie de Louis-Le-Grand, Pierre-Paul Servin,1689
Des rois éblouis, subjugués, qui réclament avec insistance le portrait du roi de France (devenu pour certains un des symboles du pouvoir royal), prêts à tout pour se prévaloir de l’amitié du « plus grand, du plus beau et plus puissant roi du monde », y compris à mettre en coupe réglée leurs sujets transformés en « bois d’ébène » ou céder leurs terres pour y bâtir comptoirs de commerce et forts.
Mais, tout d’abord, de part et d’autre, dès le premier contact, le plus intrigant fut la couleur de peau : le noir pour les Français et le blanc pour les Africains.
Comment peut-on être noir ? D’où vient cette couleur ? De la nature ? Du soleil ?, de Dieu ?
Comment peut-on avoir une peau blanche ? D’où vient cette couleur de peau ? De la profondeur des eaux ? Du Noir ressuscité après un long séjour dans l’eau? D'un monde souterrain ?
Avec la couleur de peau, les assimilations et symbolisations :
Pour les Français, le diable est noir, évidemment.
Pour les Africains, le diable est blanc, sans l’ombre d’un doute.
Alors qu’au royaume du Grand-Roi le débat sur l’énigme de la peau noire des Africains anime et passionne les cercles de savants, l’Académie Royale des Sciences en particulier, et donne lieu à de multiples expériences en laboratoire et publications, en Afrique, la couleur blanche fait naître aussi la plus vive des curiosités, mais à la différence des Français, ici, on fonde sa science et sa certitude sur la légende et les croyances populaires.
Alors, le diable est-il blanc ou noir ?
Navire négrier français au XVIIe siècle
LIVRE