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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 09:05

livre arléa

Où en est-on ?

Le 50e anniversaire des indépendances offre l'occasion d'un regard lucide sur le chemin parcouru mais aussi sur le chemin qui reste à parcourir.

L'Afrique est riche et ne cesse de s'enrichir. Les Africains sont pauvres et ne cessent de s'appauvrir : plus pauvres en 1970 qu'en 1960, plus pauvres en 2011 qu'en 1980.

Au-delà de l'explication de ce paradoxe, ce livre propose des voies possibes pour le résoudre.

Ni afro-pessimiste, ni afro-optimiste, il se veut réaliste et lucide, avec le souci constant du renouveau de l'Afrique, lequel ne peut venir que de la prise de conscience des Africains et de leur volonté affirmée de changement.

L'Afrique est autant victime de ses détracteurs invétérés que de ses laudateurs impénitents. Ni les uns ni les autres n'ont vocation à faire avancer ce continent dans la prise en main effective de son destin qui lui échappe depuis plus de cinq siècles.

Aujourd'hui plus que jamais, l'Afrique a besoin d'une parole forte pour une action résolue.

ligne 1 086

 

 

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 09:46

 

aigle 002Un si long chemin !araignee_021.gif

C'est sans aucun doute le voyage le plus mémorable que j’aie jamais effectué. La traversée du Ghana fut un véritable cauchemar. Tous les cinquante kilomètres environ, jusqu'à la frontière de la Côte-d'Ivoire, se trouvait soit un barrage de la gendarmerie, soit un poste de douane, mais gendarmes et agents de douane avaient parfaitement les mêmes mœurs.

fleche 026De connivence avec le chauffeur du véhicule, ils rançonnent les pauvres passagers qui se trouvent ainsi pris en otages. À chaque barrage, le chauffeur descend, se dirige vers les gendarmes, leur tend des billets et quelques bouteilles de whisky, l’ensemble soigneusement préparé avant le départ et le tout calculé en fonction du nombre de barrages à passer.

fleche 026Après quoi, dès que les gendarmes ont perçu leur « dû », le barrage s’ouvre. Plus besoin de vérifier les papiers du conducteur et du véhicule, ni l'état de ce dernier. Dès qu'ils ont eu leur argent et leur alcool, le passage devient possible. Aucun chauffeur de cette route ne peut avoir l'idée de refuser de payer ce « tribut ». Il arrive parfois que les gendarmes trouvent la « mise » proposée insuffisante. Dans ce cas, le chauffeur se retourne vers les passagers et demande à chacun une contribution supplémentaire (en plus bien sûr du montant des frais de transport) afin de compléter « la part du gendarme ». Tout le monde s'acquitte alors, sinon le car ne peut repartir.

bouton_006.gifCe fut le même rituel, partout, au cours de cette traversée du Ghana, sauf au dernier poste de douane ghanéen à la frontière avec la Côte-d'Ivoire.

bouton 006Dès que nous y sommes arrivés, le chauffeur nous a ordonné de descendre. Nous l’avons suivi jusqu’au bureau de douane. Les douaniers semblaient nous attendre car ils étaient tous sortis et nous regardaient venir. Tout de suite, on nous ordonna de nous mettre en rang ; nous devions passer devant une rangée de douaniers, sous une espèce de hangar attenant aux bureaux proprement dits. Le premier agent de la file, celui du milieu et le dernier devaient s'occuper de nous. Les autres observaient le spectacle. Le premier brandissait un bâton de craie blanche. Il demandait à chaque passager arrivant à son niveau cinq cents francs CFA. Lorsque ce dernier sortait l’argent, il lui traçait une croix sur le bras gauche et lui indiquait qu'il fallait  tenir l’argent à la main jusqu’à la caisse, et le remettre au douanier du milieu qui avait cette caisse devant lui. Et lorsqu'on avait remis les cinq cents francs, ce douanier, à son tour, vous traçait à la craie rouge une croix sur le bras droit.

bouton 007Le dernier douanier de la rangée vérifiait que celui qui passait devant lui avait bien les deux marques sur ses bras. Alors était-on sauvé ? Que non ! Ceci constaté, il procédait à une fouille minutieuse et consciencieuse de chaque passager. Il tâtait d'abord les poches, les vidait avant de les retourner à plusieurs reprises. Si par hasard il y trouvait de l'argent, il le prenait ; comme il prenait tout objet plus ou moins important trouvé susceptible de l'intéresser. Il extorquait un bracelet, une montre par ci, une bague, une chaîne par là. Chez certains, il fouillait jusque dans les fonds de culotte. Et tout cela sans la moindre explication ni justification. C'est après cette « cérémonie » que les douaniers allèrent vers le car, firent descendre les bagages qu'ils fouillèrent aussi minutieusement. Il va sans dire que cette fouille leur rapporte énormément de choses qui ne vont pas dans les caisses de l'État, bien entendu.

bouton 007Nous reprîmes la route après trois heures passées aux mains des douaniers ghanéens. C'est alors qu'un ami de circonstance, enseignant ressortissant de  Côte-d'Ivoire, se plaignit à haute voix pour constater que les Ghanéens étaient trop « corrompus » et affirma : « Les anglophones sont les plus corrompus d'Afrique. Au Nigeria, c'est pire encore... ». On n'était plus alors qu'à une vingtaine de kilomètres des frontières de la Côte-d'Ivoire, son pays, et la perspective de fouler bientôt le sol natal le rendait plus loquace qu'à l'ordinaire. Il s'exclamait avec un « ouf » fort appuyé en affirmant qu'avec la Côte-d'Ivoire les tracasseries étaient finies et qu'on n'aurait plus affaire à « des brigands de fonctionnaires, malhonnêtes et corrompus ».

fleche 026Avant d'arriver au premier poste de gendarmerie situé en Côte-d'Ivoire, le chauffeur arrêta son car, demanda à chaque passager de lui remettre sa pièce d'identité : carte d'identité ou passeport. A l'arrivée, il les remit directement au chef du poste qui nous fit nous rassembler sous un grand arbre en plein air. Assis sur une chaise au milieu du cercle, avec quelques collègues et notre chauffeur debout près de lui, il appela les noms un à un. Le chauffeur, avant de prendre nos papiers, avait demandé à chacun s'il savait lire et écrire, s'il pouvait déchiffrer ce qui est écrit sur sa pièce d'identité. Très peu en étaient capables, très peu savaient lire ; en tout six sur cinquante-deux passagers. La grande majorité était donc illettrée, la plupart étant surtout des manœuvres ou de petits marchands établis à l'étranger. Le chauffeur prit soin de mettre à part les papiers de ceux qui savaient lire. Et j’ai constaté qu'en remettant les deux paquets au chef du poste, il lui avait murmuré quelque chose à l'oreille en pointant du doigt le paquet des passagers lettrés. C'est par ceux-là que le gendarme, une espèce de colosse bedonnant, à la voix de Stentor, la cinquantaine, commença son appel après avoir absorbé un verre de whisky (car en l'abordant dès l'arrivée, le chauffeur lui en avait donné trois bouteilles).

fleche 026A chacun, il posait les traditionnelles questions : but du déplacement, objet du voyage en Côte-d'Ivoire, adresse en Côte-d'Ivoire, etc., avant de lui remettre ses papiers. Il fit de même pour les gens du deuxième tas dont la plupart avaient pour destination d'autres pays que la Côte-d'Ivoire et qui ne faisaient que traverser ce pays. Mais à la différence des premiers, il gardait les documents, car à chacun il signifiait que ses papiers n'étaient pas en règle. Certains essayaient de protester en faisant valoir que leur pièce d’identité avait été établie et délivrée il y avait tout juste trois mois et pour d'autres la veille du voyage ! Le gendarme rétorquait que ces papiers, s'ils étaient valables dans le pays d'origine de l'intéressé, ne l'étaient pas en Côte-d'Ivoire. S'emportant parfois (ou faisant mine de s'emporter), il s'exclamait : « Ici c'est la Côte-d'Ivoire, ce n'est pas la Haute-Volta » ou encore « Tu es ici en Côte-d'Ivoire non en Guinée ! »... Enfin à chacun de ceux dont il contestait la validité de la pièce, il réclama une somme de 2000 francs CFA…

bouton 006Ceux qui n’avaient pas assez d’argent pour s’acquitter de cette « taxe » furent obligés de s’endetter séance tenante auprès de compagnons de voyage, sinon « on les abandonnait en brousse, ou ils iraient en prison » avait dit le gendarme. Il avait fait descendre par le chauffeur les bagages d’un malheureux Guinéen qui n’avait sur lui que des francs guinéens dont la vue effaroucha le gendarme. Il voulait du CFA.

 (Et la scène continue)

[Inspiré de l'Afrique malade d'elle-même, de T. Diakité]

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 09:02

fleurs_023.gif                                                                     arb_plante_018.gif

Les leçons de la maladie

La maladie et la souffrance en général permettent-elles le retour à l'essentiel ? Nous rendent-elles plus humain, c'est-à-dire plus proches des autres ?

DE L'INTÉRÊT D'ÊTRE MALADE

Nous somme vraiment parfaits quand nous sommes malades.

Un malade est-il tourmenté par l'avarice ou par les plaisirs?

NON, il n'est plus esclave de l'amour, il ne désire plus les honneurs, il dédaigne les richesses, et le peu qu'il possède lui suffit, persuadé qu'il va tout laisser. Il se rappelle alors qu'il y a des dieux et qu'il est homme. Plus d'envie, plus d'admiration, plus de mépris pour personne. Les médisances cessent de l'intéresser, de le réjouir : des bains et des fontaines, voilà tout ce dont il rêve; c'est là l'objet de ses désirs, le terme de ses vœux. Il se promet, s'il en réchappe, une vie douce et oisive, c'est-à-dire innocente et heureuse. De tout ceci, je tire pour toi comme pour moi une courte leçon qui vaut bien tous les discours, tous les épais traités des philosophes : c'est qu'il nous suffit, quand nous sommes revenus à la santé, de mener la vie que nous nous proposions étant malade.

Pline le jeune, Lettres

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 09:35

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bouton_007.gif         Perfectibilité des lois humainesbouton_007.gif

etoile_089.gifLes rapports entre nations et la place de l'individu dans les sociétés évoluent sensiblement. Cela reste encore lent et imparfait. Mais que de chemin parcouru ! 

etoile 089Il fut un temps où des "autorités" proclamées telles, s'arrogeaient le droit de condamner au bûcher pour crime de lèse-majesté ou offense à une divinité, voire à une image, une statue... Il n'est pas si loin le temps du brigandage international et territorial, où un peuple puissant pouvait, à sa guise, s'emparer d'un peuple plus faible, le dominer et l'exploiter, voire l'exterminer, simplement pour des raisons conformes à ses intérêts ; conquérir, dominer, exploiter, sans autres limites que celles de ses forces. Les prétextes invoqués pour cela étaient des plus divers : civiliser, évangéliser, islamiser, parfois un coup d'éventail porté à la figure d'un émissaire ou un propos jugé offensant pour une nation ou pour son chef...

etoile 089Si ces temps ne sont pas totalement révolus, il reste encore quelques "brigands" réfractaires à toute évolution. Aujourd'hui, on se soucie généralement du jugement de la communauté internationale et des règles que celle-ci a promulguées, et aussi des lois que la plupart des nations se sont données pour protéger leurs ressortissants ou pour être en conformité avec les règles qui régissent désormais le monde. Parmi ces règles, celles prescrites dans la déclaration universelle des droits de l'homme, le droit d'ingérence, le droit de protection et d'assistance à peuple en danger, les diverses conventions relatives à la guerre, crime de guerre, crime contre l'humanité... Chacun de ces concepts correspond à un degré d'évolution de la conscience humaine.

etoile 089Certes, dans bien des cas, les intérêts des nations commandent encore les actes. Mais le pays qui attaque un autre le fait avec la conscience de braver un interdit et de s'affranchir de la règle commune.

etoile 089Pour les droits humains, ceux de l'individu, l'évolution n'est pas moins négligeable, même si, çà et là, de lourdes entorses sont constatées. Hier l'esclavage était universellement admis. Aujourd'hui, des conventions internationales et des législations nationales l'érigent au rang de crime contre l'humanité. Autre exemple attestant cette évolution des consciences, le viol, vieux crime longtemps ignoré. Il fut inscrit dans le code pénal en France en 1791 (et pourtant !). Avant cette date, c'était le vide juridique. Et depuis 1980, le viol est devenu un crime dans ce pays.

etoile 089Au regard de ces évolutions, quelques similitudes troublantes tout de même. Des démocraties occidentales ont pris l'habitude de laisser trop longtemps des dictateurs baillonner, massacrer leur peuple ou le réduire  en esclavage, en échange de profits matériels ou idéologiques : hydrocarbures, matières premières, main-d'oeuvre servile ; parfois, au prétexte de faire de ces dictateurs un rempart contre le terrorisme, le communisme, l'islamisme, l'immigration clandestine... [Zaïre (Mobutu), Ouganda (Idi Amin Dada), Egypte, Tunisie, Libye...]

etoile 089Tout comme à la fin du 19e et une bonne partie du 20e siècle, du temps de la colonisation, en Afrique du Nord comme au sud du Sahara, les puissances coloniales (Grande-Bretagne, France, Belgique, Portugal) se sont servies des chefs traditionnels comme auxilaires afin de dominer plus facilement les autochtones, fermant les yeux sur de graves violations des droits humains : mariage forcé ou précoce, servitude de la femme, esclavage, au mépris des valeurs qu'elles n'ont cessé de proclamer . 

etoile 089Sans aucun doute, la liberté et la démocratie auraient déjà fait un grand pas dans ces pays, aujourd'hui indépendants, si les démocraties colonisatrices s'étaient autant souciées de la promotion des libertés que de la protection des dictateurs.


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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 08:56

g0101079_gif.gifToute la nature est bellea258.gif

Les épis courbés vers la terre, le sourcil du lion, l'écume qui coule de la gueule des sangliers, et tant d'autres choses qui, lorsqu'on les observe en détail, sont loin d'être belles, nous plaisent pourtant parce qu'elles sont des ornements des êtres et qu'elles dérivent de leur nature.

Si nous avions un sens, une intelligence plus profonde des lois de la production dans l'univers, tout nous paraîtrait harmonieux, même ce qui n'est qu'un prolongement accidentel des choses. Nous regarderions alors les vraies gueules béantes d'animaux sauvages avec autant de plaisir que celles dont les peintres et les sculpteurs nous donnent une représentation imaginaire. Une vieille femme, un vieillard, pourraient avoir, à nos yeux guidés par la sagesse, une jeunesse, une beauté, les charmes mêmes de l'enfance.

Marc Aurèle, Pensées

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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 10:14

a104Une délinquance éminemment symbolique

Extraits

Du Bénin, il arnaque 140 internautes

Les marchandises n'étaient pas chères. Mais c'était du vent. Son complice rennais était jugé hier.

Ils pensaient tous faire la bonne affaire. Un petit tracteur à 800 €, un 4x4 à 2 000 €, un appartement à La Rochelle, du bois de chauffage... « M. Charles » ne manquait pas d'imagination. Et il savait illustrer ses offres d'achat. Et quand les photos sont belles, les marchandises le sont souvent moins. Tous ignoraient que l'argent allait dans les poches d'un escroc béninois aux multiples noms.

110 000 euros de préjudice

Pour rassurer ses « clients », l'Africain avait trouvé un Rennais de 45 ans, chargé de récupérer les mandats cash dans un bureau de poste de Rennes. II gardait 10 % des sommes expédiées et renvoyait les 90 % restants au Bénin. Il a été interpellé en août 2010. Le Béninois ne sera sûrement jamais inquiété. Les 140 victimes, des gens modestes qui pensaient faire une bonne affaire, se retournent aujourd'hui contre le complice rennais. Le préjudice s'élève à 110 000 €.

À la barre du tribunal correctionnel, il affirme qu'il ne savait pas qu'il s'agissait d'une escroquerie. « J'étais aux abois, explique-t-il. Je n'ai pas prêté attention à ce que je faisais. » Une amie l'avait pourtant mis en garde. Ses neveux avaient eu des ennuis judiciaires pour les mêmes raisons. « Si j'avais su, je n'aurais pas présenté ma carte d'identité à La Poste », insiste-il. « Ça dépend, rétorque le président du tribunal. Vous pensiez peut-être ne pas vous faire avoir... »

Le prévenu prétend qu'il n'a jamais rencontré son employeur. Juste par Internet et, ensuite, il recevait les instructions sur son téléphone portable. Le procureur de la République n'y croit pas. « Il fallait des complices qui prennent le risque d'aller chercher les mandats, analyse le magistrat. Nous avons ici tous les cas d'école de l'escroquerie. » Peine requise : un an avec sursis.

L'avocat de la défense estime que, comme les victimes, son client « ne savait pas qu'il s'agissait d'une escroquerie ». Le jugement sera rendu le 4 avril.

Serge LE LUYER, Ouest-France

 

images (4)Faux appel de détresse, vraie arnaque

Les contacts mail d'une habitante de Perros-Guirec ont reçu un message de détresse du Mali. Alors qu'elle était chez elle.

« T'es où ? ». « Ben, à la maison. Pourquoi ? ». « Alors, t'as pas été attaquée en Afrique ? ». Ce genre de coups de téléphone, cette Perrosienne en reçoit des dizaines depuis hier matin. A chaque fois, ses interlocuteurs s'inquiètent de savoir si elle est vraiment en détresse au fin fond du Mali. Tout simplement parce que son carnet d'adresses mail a été piraté. Un carnet plutôt étoffé, puisqu'elle est correspondante de presse pour Le Trégor, l'hebdomadaire local.

C'est ainsi que ses contacts ont reçu, dans la nuit de mardi à mercredi dernier, un message de détresse. Tout indique qu'elle en est à l'origine. Les pirates lui font dire qu'elle avait été obligée de quitter précipitamment son domicile pour se rendre au Mali où elle avait été agressée. Et délestée de tout son argent. Pour se tirer d'affaire, elle demande à ses interlocuteurs de lui adresser un mandat de 1 850 € vers un bureau de poste de Bamako. Fort heureusement, à sa connaissance, personne n'a transmis d'argent. Ses relations ont d'abord tenté de la joindre. Tous, sauf ses enfants avec qui elle échange pourtant le plus de courriels. Eux n'avaient pas reçu le message de détresse. Comme si les pirates avaient écarté ses correspondants les plus proches.

Pas un cas isolé

Quand elle a contacté les gendarmes, hier, ceux-ci lui ont fait savoir qu'ils ne pouvaient intervenir pour une infraction de ce type commise dans un pays étranger. Ils lui ont conseillé de s'adresser à un service spécialisé du ministère de l'Intérieur. Il lui a été indiqué que ce genre de piratage était monnaie courante. Les victimes étant souvent, comme elle, des abonnés de la messagerie Gmail. Messagerie qui lui a d'ailleurs fait savoir, hier matin, qu'elle avait désactivé son service après avoir « détecté une activité inhabituelle » sur son compte. Ce qui lui a valu de perdre l'intégralité de son carnet d'adresses.

Ouest-France, 03 mars 2011

 

lièvre2ARNAQUE

Gabriel Poncet est un honorable député, suisse de son état. Contacté en octobre 2010 par un homme qui prétendait pouvoir lui confier la gestion de la fortune d'un membre de sa famille, décédé à Lomé douze ans plus tôt, ledit Poncet s'est envolé pour le Togo mi-janvier. L'arnaque est vieille comme le net, mais ça n'a pas alerté notre naïf parlementaire, kidnappé dès son arrivée à Lomé. Des 12 millions de dollars promis, il n'a plus été question. Les ravisseurs - béninois, togolais et nigérians - exigeaient une rançon, et il aura fallu l'intervention de la gendarmerie togolaise pour le libérer.

Jeune Afrique, 27 février-05 mars 2011

La presse en Europe abonde en faits divers de ce genre qui mettent en scène des Africains. Cette nouvelle culture de l'arnaque, née des nouvelles technologies de l'information ne peut nourrir ceux qui en sont les promoteurs. De plus, elle n'élève ni ne grandit ses adeptes. A la pauvreté s'ajoute ainsi l'opprobre général. Ce n'est ni la voie qui mène à la réussite, ni celle qui mène à la respectabilité. Au contraire, elle dégrade et avilit.

On ne se construit pas, on ne construit rien par le vol et la fraude, fussent-ils opérés au moyen de la technologie la plus moderne. Au-delà de la personne de ces escrocs, c'est l'image de leur pays, voire de leur continent, qui en sort encore un peu plus ternie.

 On ne peut entrer dans la mondialisation par effraction.

La culture africaine authentique et son capital d'humanisme sont en passe d'imploser face aux images venues d'Occident et la logique de consommation qu'elles sous-tendent. Mais, pour ces cyberescrocs, cette logique de consommation l'emporte sur la logique de l'effort et de la production, alors que les deux sont associés en Occident.

L'Afrique saura-t-elle intégrer à ses valeurs humanistes originelles l'évolution technologique qui accompagne la mondialisation ?002

 

[Sur ce thème, voir Tidiane Diakité, 50 ans après, l'Afrique. Pourquoi l'Afrique en est là ? Editions Arléa, Paris]

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 18:55

chat_004.gifLA FAMILLE HUMAINE   

 

gif anime puces 291On demande quels sont nos devoirs envers les hommes. Que répondre? Allons-nous recommander à l'homme d'épargner le sang des êtres humains? Ce serait bien peu de chose! Le beau mérite pour un homme de n'être pas féroce envers l'homme! Faudrait-il lui ordonner de tendre la main au naufragé, de remettre dans sa route celui qui s'égare, de partager son pain avec celui qui a faim ?

gif anime puces 291Tout ce qu'il nous faut faire ou éviter est compris dans cette courte formule qui résume tous nos devoirs : le monde, ce monde que tu vois, qui renferme les dieux et les hommes, n'est qu'un seul grand corps dont nous sommes les membres. La Nature nous a créés tous parents. Nous avons la même origine, la même destinée. C'est la Nature même qui nous a mis au cœur un mutuel amour et nous a fait sociables; c'est elle qui a fondé l'égalité et la justice; c'est elle qui nous a appris qu'il vaut mieux subir le mal que le faire. Les mains qu'elle nous a données nous sont données pour aider les hommes.

 (Sénèque, Lettres à Lucilius)

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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 14:27

L'Afrique malade de ses dirigeants047.gif

Ce dont beaucoup d'Africains souffrent aujourd'hui, c'est moins de pauvreté où de néocolonialisme que de la colonisation de leur pays par leurs dirigeants. Ce pour quoi il faut qu'ils se battent, c'est avant tout leur décolonisation, c'est-à-dire leur libération de leurs oppresseurs de l'intérieur, afin d'obtenir enfin le statut de citoyen chez eux.

A voir le colonel Kadhafi, lors de son allocution du 22 février 2011, déclarant la guerre à son peuple, le menaçant de mort violente, et son fils l'avant-veille, promettant des "rivières de sang" à ses compatriotes, on comprend que cette lutte pour la citoyenneté n'est pas gagnée,  ni sur le terrain, ni dans les têtes.

L'attitude du colonel Kadhafi (chef d'un Etat sans Constitution) est l'illustration de deux symboles caractéristiques du pouvoir, au Nord comme au Sud du continent.

- Le système de gouvernement, c'est l'autocratie au stade ultime qui s'accompagne d'un profond mépris pour le peuple, comme si le pouvoir était un dû (divin) et qu'il n'était en rien redevable à son peuple. Par conséquent, la notion de responsabilité devant le peuple est ignorée dans l'exercice du pouvoir.

- Le deuxième symbole, qui découle du premier, fait du pays la propriété privée du chef et de sa famille, parfois élargie au clan familial.

Ces deux tares majeures gangrènent l'exercice du pouvoir en Afrique. Sont ici en cause la conception même du pouvoir et le mode de gouvernement. Le chef ne doit rien au peuple, c'est le peuple qui lui doit tout. Il ne sert pas le peuple, mais se sert du peuple.

Devoir de protection du peuple, devoir de justice, de bonne justice rendue au peuple  sont également ignorés.

Il est aussi hautement symptomatique que cette "race" de dirigeants, incarnée à souhait dans le chef libyen, s'épanouisse si bien en Afrique. Nombre de chefs d'Etat du continent ne conçoivent pas autrement le pouvoir et ne l'exerce pas différemment. Pour ces régimes, il n'est pas de statut de l'opposition. Un opposant politique est un ennemi à abattre, "un chien errant", selon Kadhafi.

L'Afrique reste bien, 50 ans après la décolonisation, la terre d'élection du déni de droits et de la brutalité politique qui font peu de cas non seulement des droits de l'homme, mais de la vie humaine.

Face à ce mal généralisé, la première aide humanitaire d'urgence qu'on puisse attendre au profit des populations africaines (qui en ont le plus grand besoin), n'est ni l'aide alimentaire, ni l'aide au développement, mais l'aide qui permette de les arracher à tout jamais des crocs de ces dirigeants destructeurs de leur peuple et de leur pays. C'est le préalable à la réussite de toute autre forme d'aide.

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 09:27

BAMBOU

"Il vient un temps où l'esprit aime mieux ce qui confirme son savoir que ce qui le contredit, ou il aime mieux les réponses que les questions. Alors, l'instinct conservatif domine, la croissance spirituelle s'arrête." (Gastion Bachelard).

 

En effet, quand les questions s'arrêtent, aussi bien les questions des autres que celles de soi à soi, non seulement la croissance spirituelle s'arrête, mais également l'homme se vide d'une partie de lui-même, de sa partie vivante ; une partie du cerveau s'étiole, ne fonctionne plus qu'au ralenti (sans doute aussi une partie du coeur !).

Plus de doute = plus d'écoute de l'autre, plus d'effort de connaissance de soi ni de regard intérieur.

Les questions, qui impliquent le contredit, sont les stimulants  qui font l'homme ouvert et généreux. Elles sont la source du renouvellement parmanent de soi, en rapport avec les autres.

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 09:41

Papillons-69Une aspiration vitalePapillons-28

Les mouvements de contestation, plus exactement les révoltes, voire les révolutions, qui se propagent dans les pays arabomusulmans comme une traînée de poudre depuis le début de cette année 2011, en surprennent plus d'un. Or, ces mouvements, qui ont tous comme motif principal le manque de liberté, sont conformes aux besoins vitaux de l'homme. C'est l'objectif conscient ou inconscient à l'origine des révoltes et des révolutions, parfois couplé au refus de l'injustice et des inégalités.

La liberté est une aspiration naturelle des hommes, de tout temps. Liberté, justice, droits, sont en effet les ingrédients qui composent la vie. Ce besoin vital n'est propre à aucun peuple en particulier, ni à aucune région du monde. Il est universel, même si des régimes contre nature, des tyrannies et des systèmes fondés sur l'oppression parviennent à brider cette aspiration pendant un temps plus ou moins long. Le naturel finit toujours par reprendre le dessus. 

L'anomalie, c'est précisément que des peuples vivent brisés, des decennies sinon des siècles durant, par des régimes qui ne reconnaissent ni justice ni droits, murés dans un absolutisme aveugle qui se nourrit de l'ignorance et de la faiblesse des peuples. 

Le 14 juillet 1789 en France, après le 30 janvier 1649 et le 12 novembre 1688 en Angleterre, ou le 4 juillet 1776, date à laquelle les treize colonies anglaises se transformèrent en Etats-Unis d'Amérique,  et bien avant tout cela la célèbre révolte de Spartacus en 71 avant J.C., ou comme le 24 octobre 1917 en Russie, ne sont pas des exceptions dans l'Histoire. C'est la manifestation en des temps et des lieux différents de ce même besoin vital.

La démocratie, qui en est l'émanation, est également aujourd'hui une aspiration universelle des peuples. C'est un tourbillon qui fera son tour du monde et des peuples, quoi qu'il arrive, et contre lequel il est vain de se dresser.

Les événements de Tunisie, d'Egypte, aujourd'hui, et sans aucun doute en d'autres pays demain, en sont une vivante illustration.

Et en Afrique subsaharienne ?

Dans cette région, le mouvement n'aura certainement pas la même allure qu'en Tunisie ou en Egypte. Il y a bien une spécificité de l'Afrique noire à cet égard (un article y sera consacré ultérieurement).

Une enquête réalisée, de 1994 à 2001, dans plusieurs pays subsahariens par l' "Agence des Etats-Unis pour le développement international" (USAID) portant sur "la démocratie et la bonne gouvernance", aboutit à des conclusions qui sont une preuve supplémentaire de l'aspiration des peuples africains à autre chose qu'au déni perpétuel des droits.

Il ressort de cette enquête que les Africains définissent la démocratie comme le meilleur des systèmes de gouvernement, mais pas leurs responsables politiques. Une écrasante majorité des personnes interrogées plébiscitent la démocratie et le multipartisme. Une majorité encore plus forte condamne la dictature et les régimes militaires. En Ouganda, 89% des sondés rejettent un gouvernement de militaires, 53% se déclarent hostiles au système du parti unique. Ces résultats sont quasiment identiques à ceux enregistrés dans d'autres pays du continent lors de la même enquête.

La seule question, c'est, quand le vent de la démocratie qui se lève déjà ça et là, se transformera en ouragan pour balayer ces dynosaures politiques indécrotables, tenants d'un autocratisme absolu, digne de temps désormais révolus.

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