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24 mai 2020 7 24 /05 /mai /2020 08:51

PETITE VISITE DOMINICALE AUX SAGES DE LA ROME ANTIQUE DONT LA PENSÉE LUMINEUSE ÉCLAIRE TOUJOURS NOTRE CHEMIN (3)

MARC AURÈLE, EMPEREUR PHILOSOPHE STOÏCIEN ATYPIQUE

« Tout est beau pour qui sait voir » (Marc Aurèle)

Rarement un empereur romain aura été aussi diversement jugé, apprécié par ses contemporains comme par la postérité. Et si cette diversité de jugements, d’avis provenait tout simplement de l’originalité et de la spécificité du personnage et de son œuvre ? Et tout d’abord de cette double vision incarnée dans le titre que porta cet empereur toute sa vie :

« Empereur-philosophe ».

Cependant, aucun autre titre ne saurait mieux désigner cet empereur, ce qu’il fut et ce qu’il fit. Car empereur, il le fut au sens plein du terme, à l’appréciation de la majorité de ses contemporains, et philosophe, il le fut incontestablement par sa pensée, sa manière d’être, ses écrits...
Seul dans son genre, certes, original mais surtout fécond et d’une profondeur de pensée rare, au service de l’Humanité entière.
Jugé faible, indécis par quelques contemporains, mais d’une vaillance sans faille par les autres, l’histoire de la Rome du 2e siècle après J.C. n’est sans doute pas étrangère à cette double vision du personnage.
Le jugement de la postérité apparait plus unanime que celui des contemporains du IIe siècle.

Marc Aurèle (121-180 ap. J.C.)

Un empereur pétri de culture antique grecque

Premier empereur philosophe connu de l’histoire romaine, Marc Aurèle, issu de la dynastie des Antonins, est né en 121 après J.C. et mort en 180 après J.C).
Orphelin de père tôt, il doit l’essentiel de son éducation à sa mère et aux précepteurs dont celle ci entoura son enfant.
 La mère, décrite comme « 
noble, riche et pieuse » mais surtout comme « d’une rare finesse de traits qui joignait aux avantages du corps, la grâce plus parfaite d’une âme cultivée ».
La mère eut à cœur de donner à son fils une solide culture grecque et romaine, la meilleure formation d’un futur empereur romain.
Afin d’éviter à son enfant chétif, frêle, physiquement faible, la rudesse au contact des autres enfants plus forts t plus musclés et physiquement plus endurcis, elle obtint pour lui une dispense de la fréquentation de l’école publique, se chargea elle-même de sa formation en langue grecque, et sut l’entourer entourer des meilleurs précepteurs de  l’époque..

« En te levant chaque matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre : de respirer et d’être heureux » (Marc Aurèle)

Par les soins de ces précepteurs, l’éducation et la formation du jeune futur empereur romain n’eurent rien à envier à celles d’un jeune athénien de bonne famille du IIe siècle après J.C.
Ainsi Marc Aurèle, dès le plus jeune âge, put bénéficier d’une culture des plus complètes, nourrie aux meilleures sources.
 À «  
L’éducation littéraire qui s’obtenait surtout par la lecture et le commentaire des poètes épiques, lyriques et tragiques, et des grands prosateurs, Marc Aurèle adjoignit cette formation esthétique, que donnaient la musique, l’art du chant et celui de la danse. »
Mais ce bagage culturel déjà conséquent, ne put détourner le jeune Marc Aurèle de ce qu’il est convenu de considérer comme une passion et une véritable « vocation » : la philosophie stoïcienne, qui exerça une forte attirance sur lui dès son plus jeune âge.

« L’émeraude ne perd pas sa valeur faute de louanges »  (Marc Aurèle)

Pétri de culture grecque, philosophe stoïcien, Marc Aurèle ne pouvait cependant échapper à son destin, celui  d’empereur par son ascendance.
Il le savait, il s’y était préparé culturellement, psychologiquement. Sa vocation de philosophe stoïcien ne fut sans doute pas sans incidence sur l’exercice de son métier d’empereur.
Empereur à 39 ans, à un moment critique du destin de l’Empire, cerné de toutes parts par ses ennemis les plus irréductibles, le jeune empereur fait crânement face.
L’empereur-philosophe se révéla un habile chef de guerre, et jamais ne fut pris au dépourvu par les ennemis de l’Empire, lesquels virent leurs assauts voués à l’échec. C’est un « miracle » car ayant toujours préféré la philosophie stoïcienne à la formation militaire, il se fit soudainement « chef militaire » et participa à toutes les batailles en fin stratège.

Un empereur atypique et exemplaire


« Notre vie est ce qu’en font nos pensées. » (Marc Aurèle)

Marc Aurèle ne fut pas qu’un empereur militairement à la hauteur de sa charge ; Il fut aussi un administrateur efficace.
Il est crédité d’une réorganisation de l’administration de l’empire romain, qu’il rendit plus juste, plus humaine, avec un souci remarqué pour le sort des plus faibles et un souci permanent de l’équité.
Seuls les Chrétiens furent tenus à l’écart de cette mansuétude de l’empereur.

(Ce n’est pas que Marc Aurèle n’aimait pas les Chrétiens, mais parce qu’à son époque, la religion chrétienne était interdite dans l’empire pour éviter qu’elle face concurrence au culte impérial auquel tous les Romains devaient adhérer obligatoirement. Il en fut ainsi jusqu’au règne de l’empereur Constantin qui, par l’édit de Milan en 313, mit un terme à la persécution des Chrétiens. Il finit par se convertir lui-même au christianisme.)

« La nature est dans chacun de nous.
La nature rend chacun de nous capable de supporter ce qui lui arrive »
(Marc Aurèle)

 Sans doute inspiré par son bagage culturel grec, Marc Aurèle montra, sa vie durant, un attachement non feint et un goût jamais démenti pour la Nature ainsi que tous les éléments qui la composent, au point de ne pas toujours  dissocier nature et homme, dans ses écrits comme dans sa pensée les deux sont indissociables.

Pour Marc Aurèle, en effet, comme pour nombres de philosophes grecs antiques, la vie de l’homme et la nature  sont inextricablement liés ; convaincu qu’il était que sans le bien-être de la plante, de l’animal, de la petite fourmi au plus massif des fauves … le bien-être de l’homme n’est que vain mot. Ainsi « le petit ruisseau qui serpente péniblement dans l’immensité de la forêt attire son attention et occupe son esprit. »

Des sages de l’Antiquité gréco-romaine aux Humanistes européens des XV et XVIe siècles, le goût et le respect de la Nature en héritage ?

Pensées pour moi-même ou les Pensées
Livre-monument, livre-énigme

Enfin, dernier acte de l’empereur Marc Aurèle, la rédaction d’un ouvrage atypique à bien des égards, car chargé de questions et d’énigmes non élucidées.
La seule certitude est que ce livre fut rédigé à la fin de sa vie, et qu’il recense les expériences personnelles de même que l’univers de valeurs de l’auteur : valeurs morales et civiques.

Un lire écrit en grec, par un empereur romain.

Livre-piège ?

En effet sa lecture et son contenu ont induit en erreur bien des historiens anciens et modernes qui ont crû voir dans cet ouvrage un simple recensement des souvenirs de son auteur.

Or, ce livre, bien qu’il porte en titre l’expression « moi-même », est en réalité une invitation de tous ses lecteurs à une sorte de « pèlerinage » en eux-mêmes, et en cela ce livre a un caractère et une destination universelle, c’est-à-dire conçu à l’intention de tous les Humains de tous les temps, de tous les lieux.

« Les Pensées sont donc un précieux document sur la vie philosophique de Marc Aurèle. Selon les recommandations des stoïciens, il s’efforce tout d’abord de se remémorer le but fondamental de la vie, l’accord avec la nature, c’est-à-dire avec la raison, sous ces trois modes : la raison intérieure au cosmos, la raison intérieure à la nature humaine, la raison intérieure à l’individu humain…

Marc Aurèle définit à plusieurs reprises ces trois aspects de la vie philosophique : critiquer nos propres représentations pour ne juger que conformément à la raison qui est en nous, agir avec justice à l’égard des autres hommes conformément à la raison immanente au corps social, acceptée avec amour les évènements que nous impose le destin, en nous conformant à la raison immanente au cosmos.

Les Pensées sont, pour une grande part, des variations sur ces trois thèmes fondamentaux. Mais on y trouve aussi d’autres exercices spirituels : examen de conscience, la préparation intérieure aux difficultés de la vie, la méditation des dogmes fondamentaux du stoïcisme, l’application de ces principes aux cas particuliers qui peuvent se rencontrer dans la vie de tous les jours.

Ce qui a fait le succès de l’œuvre de Marc Aurèle à travers les âges, c’est tout d’abord, précisément, son universalité : il s’agit d’un effort sans cesse renouvelé pour se libérer des préjugés courants, du point de vue égoïste et individuel et pour se replacer dans la perspective du cosmos et de la raison universelle. » (Encyclopédie Universalis)

« Sois comme un promontoire contre lequel les flots viennent sans cesse se briser ; le promontoire demeure immobile, et dompte la fureur de l’onde qui bouillonne autour de lui. »  (Marc Aurèle)

 

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