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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 08:48

ARISTOTE : QUI DOIT GOUVERNER ? L’ARISTOCRATE OU LE MILLIARDAIRE ?

 

Le gouvernement le plus souhaitable est celui de la classe moyenne

 

Aristote (384-322 av JC)

Ni trop, ni trop peu

      La voie de la mesure et de l’équilibre

Dans tous les États il y a trois groupes de citoyens : les gens très riches, les gens très pauvres et ceux qui ont une place moyenne. La mesure et le juste milieu étant reconnus comme étant le mieux, il est évident que la possession modérée des biens de la fortune est la meilleure des possessions. Elle rend possible l'obéissance à la raison, alors qu'un excès de beauté, de force, de noblesse d'origine ou de richesse ou que l'excès contraire de pauvreté, de faiblesse ou de déshonneur rendent difficile la docilité à la raison. Car les uns accentuent leur violence et leur malfaisance, les autres leur perversité et leur malignité, et les méfaits se produisent par démesure pour les uns, par malignité pour les autres.

 

La classe moyenne, élément de modération et de stabilité

De plus les gens de condition moyenne sont les derniers à fuir ou à rechercher les fonctions publiques, ces deux choses nuisant aux cités. De plus ceux qui ont en excès les biens de la fortune, force, richesse, amis et autres choses analogues ne veulent ni ne savent obéir (aspect inculqué dès le début à la maison alors qu'ils étaient enfant : la richesse les rendant rebelles à l'obéissance même à l'école) tandis que ceux qui en sont dépourvus à l'excès sont trop humbles. Aussi les uns, incapables de commander, sont ils bons à jouer les esclaves, les autres, incapables d'obéir, sont-ils bons à jouer les maîtres. Ainsi est créée une ville d'esclaves et de maîtres, mais non d'hommes libres, les uns pleins d'envie, les autres de mépris. Ce qui est le plus éloigné de l'amitié et de la communauté, puisque même en voyage les hommes ne veulent avoir rien en commun avec leurs ennemis. Or l'idéal d'une cité serait d'être composée le plus possible de personnes égales et semblables, ce qui se produit surtout dans la classe moyenne.

 

 

Une des conditions de la bonne gouvernance ?

Aussi est-elle nécessairement la mieux gouvernée, la cité qui comporte les éléments dont, comme nous le disons, une cité est par nature constituée. Ce sont aussi ces citoyens qui dans les cités sont le plus en sécurité, car ils ne convoitent pas comme les pauvres le bien d'autrui, et les autres ne convoitent pas leur bien comme les pauvres convoitent celui des riches ; et du fait qu'ils ne sont ni les auteurs ni les victimes d'un complot, ils vivent à l'abri du danger. C'est pourquoi Phocylide avait raison de faire cette prière :

« Des meilleures choses se trouvant souvent au milieu, je veux être au milieu dans la cité ».

Il est clair par conséquent que la meilleure communauté politique est celle qui est aux mains de la classe moyenne, et que la possibilité d'un bon gouvernement appartient à ces sortes de cités où la classe moyenne est nombreuse et surtout plus forte que les deux autres ou tout au moins que l'une des deux, car en s'ajoutant elle fait la décision et empêche la formation des extrêmes opposés.

 

Ni oligarchie, ni ploutocratie

C'est pourquoi le plus grand bonheur est que ceux qui font de la politique possèdent une fortune moyenne et suffisante, puisque là où les uns possèdent une fort grande fortune, les autres rien, se développe une démocratie extrême ou une oligarchie illimitée ou une tyrannie à cause de ces deux extrêmes, car la tyrannie naît de la démocratie et de l'oligarchie les plus hardies, mais beaucoup plus rarement des régimes moyens et assimilés. La cause, nous en parlerons plus tard à propos des révolutions politiques. Mais que la constitution moyenne soit la meilleure, c'est évident, seule en effet elle est dépourvue des factions, puisque là où la classe moyenne est nombreuse, là aussi les divisions et les dissensions entre les citoyens sont les moins marquées. Dans les grands États, les factions sont plus rares pour la même raison : l'importance de la classe moyenne, tandis que dans les petits États il est facile de diviser tous les citoyens en deux partis, si bien qu'il ne reste rien au milieu et que presque tous les citoyens sont riches ou pauvres.

Aristote, Politique.

 

 

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