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20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 07:53

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LA RÉVOLUTION ET L’ÉCOLE. L’AMBITION UNIVERSALISTE

 livre 010

De la nation à l’Universel, rêves et réalités

 

Une utopie généreuse

livre 015

 

Les hommes sont déclarés libres ; mais ne sait-on pas que l'instruction agrandit sans cesse la sphère de la liberté civile, et, seule, peut maintenir la liberté politique contre toutes les espèces de despotisme ? Ne sait-on pas que, même sous la Constitution la plus libre, l'homme ignorant est à la merci du charlatan, et beaucoup trop dépendant de l'homme instruit ; et qu'une instruction générale, bien distribuée, peut seule empêcher, non pas la supériorité des esprits qui est nécessaire, et qui même concourt au bien de tous, mais le trop grand empire que cette supériorité donnerait, si l'on condamnait à l'ignorance une classe quelconque de la société ? Celui qui ne sait ni lire ni compter dépend de tout ce qui l'environne ; celui qui connaît les premiers éléments du calcul ne dépendrait pas du génie de Newton, et pourrait même profiter de ses découvertes.

Les hommes sont reconnus égaux ; et pourtant combien cette égalité de droits serait peu sentie, serait peu réelle, au milieu de tant d'inégalités de fait, si l'instruction ne faisait sans cesse effort pour rétablir le niveau, et pour affaiblir du moins les funestes disparités qu'elle ne peut détruire !

Enfin, et pour tout dire, la Constitution existerait-elle véritablement, si elle n'existait que dans notre code ; si de là elle ne jetait ses racines dans l'âme de tous les citoyens ; si elle n'y imprimait à jamais de nouveaux sentiments, de nouvelles mœurs, de nouvelles habitudes ? Et n'est-ce pas à l'action journalière et toujours croissante de l'instruction, que ces grands changements sont réservés.

Tout proclame donc l'instante nécessité d'organiser l'instruction : tout nous démontre que le nouvel état des choses, élevé sur les ruines de tant d'abus, nécessite une création en ce genre.

(Talleyrand, L’instruction, base de la liberté. Discours devant l’Assemblée, 10 septembre 1791)

 

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« Après le pain, l’éducation est le premier besoin du peuple » (Danton, 1793)

 

La Convention, de 1793 à 1795, assigne à l’éducation non seulement le devoir de « perfectionner » l’individu, mais aussi celui d’être vecteur de progrès pour la société et l’humanité entière. L’enseignement scolaire devait, à leurs yeux, remplir la mission sacrée de rendre l’individu libre, heureux, épanoui et utile à la société.

Partant de ce principe, les révolutionnaires considèrent que toutes les sciences de la nature et de l’homme doivent entrer à l’école, et contribuer à la formation de l’esprit. D’où à la fois la diversification des disciplines enseignées et une tendance à l’encyclopédisme.

 

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En savoir beaucoup pour être meilleur

 

Cette ambition dénote chez les protagonistes de 1789 un optimisme sans limites, couplé à une vision universaliste de l’homme, ce qui les amène à légiférer en tout domaine pour l’humanité entière.


La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen en est un premier témoignage.

« Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».


Pour les auteurs de la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 août 1789, il importe au préalable d’unir les Français dans une République « une et indivisible » et de consolider le sentiment national, pour atteindre l’objectif de l’élévation du national à l’universel par le biais de l’éducation.

 

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Diversité. Patois et dialectes. XVIIIe siècle

 

Assurer l’unité de la nation impliquait l’uniformisation des poids et mesures, et surtout celle des programmes scolaires partout sur le territoire national.

Le message de la France ne pouvant atteindre le reste du monde sans la réalisation de l’unité des Français, l’école fut considérée comme le moyen le plus approprié à cette fin.

 

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La Convention envahie

 

La République en danger

 

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L’impératif de défense de la République, laquelle est contestée à l’intérieur et attaquée de l’extérieur, compromet la concrétisation dans l’immédiat des objectifs de refondation de l’école et de l’éducation sur de nouvelles bases, avec de nouvelles ambitions. Cet échec avait trois explications :


bouton 006le manque criant de moyens financiers et humains, les caisses de l’État restant désespérément vides pour construire des écoles en nombre et former des enseignants, l’objectif premier déclaré étant une école primaire pour 1000 habitants et un établissement d’enseignement secondaire par département,


bouton 006le poids de la guerre, face à l’Europe entière liguée contre la France, surtout au lendemain de l’exécution de Louis XVI en 1793,


bouton 006enfin, l’immensité de l’œuvre dont la nouveauté et la vision à long terme se heurtaient à la lenteur de la maturation des mentalités.

 


Il faut donc attendre la « dernière année du règne de la Convention pour voir naître, sur les ruines du passé et sous les auspices de savants plus ou moins mêlés à la politique, des établissements vraiment nouveaux, appropriés aux nouvelles destinées auxquelles l’humanité semblait appelée, et dont on admettait sans conteste que la nation française devait le modèle à l’humanité. »

 

 

Malgré tout, à l’actif des révolutionnaires et de la Convention :

L’École centrale des travaux publics qui devient l’École Polytechnique, l’École des Mines, le Conservatoire des Arts et Métiers, l’École des Langues orientales(symbole incontestable de l’ouverture au monde), ainsi que diverses écoles de santé, le Bureau des Longitudes, l’Institut national des Sciences et des Arts, l’ensemble du système décimal et système métrique qui n’entreront en vigueur en France qu’au XIXe siècle, avant de s’étendre à l’Europe, puis au reste du monde.

 

Dans la même veine, parallèlement aux disciplines scolaires et universitaires, il convient de signaler des réalisations marquées par cette idéologie révolutionnaire de la nation et de l’Universel :

la transformation du « Jardin du Roi » en Muséum d’histoire naturelle, et  celle du Louvre, résidence royale, en Musée national.

 

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La IIIe République reprendra le flambeau, en réalisant les prescriptions des hommes de 89 en matière d’école et d’éducation.

 

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